
Gorillaz: carto(o)n plein à Forest

" Nous avons le pouvoir de nous aimer ", scande Jehnny Beth sur Humanz, le dernier album de Gorillaz paru en mars dernier. Et si la chanteuse de Savages n’est apparue que sur les écrans ce mercredi à Forest National, Damon Albarn s’est bien chargé de rappeler ce message 100% bonnes vibes tout au long d’un concert flamboyant où les termes " humain ", " fête " et " partage " ont pris une nouvelle dimension. D’accord, par rapport aux shows anglais (Londres et le festival Demon Dayz Festival à Margate) déjà évoqués dans Moustique, les invités étaient plutôt rares. Seuls Little Simz (qui a également fait du beau boulot en première partie) , Peven Everett, Jamie Principle et un membre sur trois de De La Soul sur le démentiel Feel Good Inc avaient fait le déplacement à Bruxelles. Mais ça n’a rien gâché à la party.
Pour cette tournée, qui repassera pour notre plus grand bonheur à Rock Werchter le 5 juillet, Gorillaz fait passer au second plan son côté virtuel et high-tech pour privilégier la musique live. A quarante-neuf ans, Damon pète la forme et s’amuse comme un gamin en bousculant tous les codes de la pop dans un délire visuel cartoonesque. Guitare électrique en bandoulière ou (le plus souvent) melodica sur les lèvres, il opère comme un chef d’orchestre au milieu d’un groupe pléthorique comprenant section rythmique, grattes, batterie, claviers et chœurs féminins. Les Mc’s s’échangent le micro comme s’il s’agissait d’un bâton de dynamite et enchaînent tuerie sur tuerie. Par rapport à leurs versions studio, les chansons extraites du dernier album (Andromeda, Garage Palace, Out Of Body, Saturn Barz, Sex Murder Party, Strobelite, We Got The Power) passent beaucoup mieux. Et on vous laisse imaginer l’ambiance sur les hits survitaminés du groupe (Last Living Souls, Tomorrow Comes Today, On Melancholy Hill, Feel Good Inc, Clint Eatswood) subtilement répartis dans la setlist.
En deux heures de concert, on aura entendu du punk (le titre Punk), du hip-hop, du dub, du gospel, de la soul (De La Soul, ah ah) et surtout beaucoup de funk torride évoquant à la fois le Prince de Dirty Mind ou le Funkadelic de One Nation Under a Groove. Du grand art. Tout le monde est reparti dans la nuit moite avec le sentiment d’avoir vécu un moment inoubliable. Avec les Guns N’Roses à Werchter et Damso un peu partout , ce show fait partie de nos concerts de l’année.