
Les artistes belges squattent les Nuits

Un bémol pour commencer. Faire débuter un lundi soir un concert à 23h00, comme ce fut le cas pour la prestation très attendue de Noa Moon, n’est pas une idée judicieuse. Pour ceux qui bossent le lendemain, vont à l’école/unif ou utilisent les transports en commun, c’est un frein indéniable au plaisir de profiter pleinement d’un concert. Alors qu’elle n’avait même pas terminé sa prestation, la Bruxelloise a vu la salle de l’Orangerie se vider progressivement. C'est dommage.
Tout beau, tout frais et tout aquatique, Azurite, deuxième album de Noa Moon, met en exergue de jolies velléités électro/pop qui se confirment sur scène. Sur scène, Manon est entourée d’un nouveau groupe dans lequel la claviériste Leticia Collet (Dan San), la multi-instrumentiste Aurélie Muller et le batteur Fabio Zamagni apportent une vraie valeur ajoutée. Visiblement heureuse de retrouver les planches et plus épanouie que jamais, Manon présente les chansons d’Azurite , expédie comme si de rien n’était son tube Paradise en milieu de set et joue sans cesse sur les contrastes, alternant chansons up-tempo et ballades plus mélancoliques. La matière est là (Alive, Call My Name, Sparks, l’émouvant Just a song), la musicalité aussi. Reste peut-être à enrichir le visuel et donner plus de cohérence à la setlist pour gagner en intensité. Mais pour une première live, c’était réussi.
Pale Grey en apesanteur
Pour Pale Grey, il s’agissait aussi d’un retour. Annonciateur d’un album prévu pour cet automne, le nouveau EP Ghosts fait dans l’essentiel. Quatre chansons, quatre titres en un mot, quatre perles qui se nomment Ghost, Billy, Drift et Cupidon. Partisane d’une folk pop légère, l’attachante formation liégeoise explore aussi des pistes plus électro avec beaucoup de finesse. Déjà bien rôdé par une mini-tournée européenne en première partie d’Electric Guest, le set de Pale Grey met en valeur les harmonies vocales et les ambiances cinématographiques des compositions tout en sublimant les qualités intrinsèques de chaque musicien. On sent chez eux le souci du détail, l’envie de signer l’arrangement parfait sans jamais tomber dans la démonstration inutile. Si tout l’album est du niveau des nouveaux titres joués, Pale Grey peut viser des sommets à la rentrée.
L’onirisme de Témé Tan
Seul avec ses drôles de machines, Tanguy, alias Témé Tan, offre une invitation aux voyages dans un Grand Salon qui aurait mérité d’être mieux garni. D’un marché populaire de Kinshasa aux favelas brésiliennes, d’une chute d’eau en pleine nature africaine aux rythmes binaires des métropoles, Témé Tam nourrit sa musique de ses escapades rêvées ou vécues. Belle gueule, chouette look et sourire en guise de respiration, le garçon distille ses bonnes vibes et aspire à un monde meilleur. Un monde en couleurs. Souvent annoncé, souvent repoussé, son album sort au début de l’automne. Youpie !
Magnifique Magnus
On l’a déjà écrit maintes fois, mais il faut encore le répéter. Tom Barman est, toutes catégories confondues, l’un des artistes belges les plus doués en activité. En l’espace de quelques semaines, il a offert un concert anthologique de dEUS (pour les adieux de son guitariste Mauro Pawlowski), poursuivi sa tournée avec le groupe jazz TaxiWars qu’il a fondé avec le trompettiste anversois Robin Verheyen et commencé à bosser sur son second long métrage comme réalisateur. Ce lundi, c’est avec Magnus qu’il se présente sous le Chapiteau et il envoie la purée. Projet électro lancé avec le producteur/DJ culte CJ Bolland, Magnus est désormais un vrai groupe live où se mêlent guitares (celles de Tom Barman et du polyvalent Tim Van Hamel), laptop, chant et batterie. Idéale pour danser et pour oublier, la musique de Magnus (deux albums The Body Gave You Everything et Where Neon Goes To Die publiés à dix ans d’intervalle) est aussi sans prétention et plus essentielle que jamais. Au four et au moulin, fou comme un gamin, Tom Barman se donne à fond et c’est tout bon. Cerise sur le gâteau, l’arrivée du bassiste de dEUS Alan Gevaert pour insuffler un dose de groove supplémentaire au magique Summer’s Here. Belgium twelve points. Faute d’horaire concordant, on a zappé Fùgù Mango mais on y reparle très vite.
PHOTO : Jens Demeester/Indie Style