Emploi: la semaine de 4 jours est-elle un échec ?

La semaine de quatre jours n’aurait pas (encore?) trouvé son public, selon une enquête de Securex relayée par l’Echo.

seuls 0,73% des travailleurs prestant un temps plein le font sur quatre jours
seuls 0,73% des travailleurs prestant un temps plein le font sur quatre jours © Unsplash

Assurer un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle : c’était l’objectif affiché lorsque le gouvernement fédéral a officialisé l’application de la semaine de 4 jours. Il y a quelques années, la gauche francophone (PS, Ecolo et PTB) entendait proposer aux travailleurs qui le souhaitent de prester 32H par semaine, en étant payés pour 38H. Cela étant impensable pour le MR notamment, cette réduction du temps de travail a donc été remplacée par une semaine de 38H, mais sur quatre jours.

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Depuis le 21 novembre 2022, cet aménagement permet en effet à tout employé du secteur privé de réaliser l’entièreté de ses heures de travail sur quatre jours, au lieu de cinq (à noter que certaines entreprises offraient déjà cette possibilité, via des conventions collectives de travail). Autre option : une alternance entre semaine light, et semaine plus chargée (par exemple pour s’occuper des enfants, en cas de séparation).

 

 

Près de six mois après son officialisation, la mesure a-t-elle trouvé son public ? Pas vraiment, si l’on en croit une enquête de Securex, relayée par l’Echo. En se basant sur un échantillon de 101.000 travailleurs, l’entreprise spécialisée en ressources humaines indique que seuls 0,73% des travailleurs prestant un temps plein le font sur quatre jours (0,82% des employés et 0,60% des ouvriers).

La proportion est très légèrement supérieure (0,75%) dans les entreprises comptant plus de 1.000 travailleurs, par rapport à celles de moins de 1.000 travailleurs (0,45%).

Difficultés organisationnelles

Comment expliquer ce flop ? Securex pointe d’abord comme facteur l’absence d’étude concluante documentant l’impact de la semaine de 4 jours sur le bien-être du travailleur. Les difficultés administratives et organisationnelles- particulièrement dans les petites et moyennes entreprises (PME)- sont l’autre raison avancée.

Ceci fait écho à un sondage mené par Acerta, à l’automne 2022, qui indiquait que près de PME sur 10 n’envisageaient pas d’introduire une semaine de 4 jours dans leur organisation. Et ce, parce qu’elles n’estimaient pas possible d’achever le travail à effectuer sur la semaine en 4 jours au lieu de 5.

 

À l’époque, les syndicats s’étaient également montrés réticents. «Des journées de travail plus longues (…)augmentent la charge de travail et sont plus difficiles à concilier avec la vie privée et une répartition équilibrée des tâches de soins (d’un point de vue de l’égalité des genres)», jugeait la FGTB. Pour les parents à la tête d’une famille monoparentale (85% d'entre eux sont des femmes), travailler 9H30 par jour du lundi au jeudi peut en effet s’avérer difficilement conciliable avec les impératifs de la vie de parent.

À l’inverse, pour certains profils de fonction (comme celles qui s’accommodent facilement du télétravail), la semaine de 4 jours pourrait être un plus, à condition que le travailleur puisse véritablement profiter de son 3ème jour de repos. Pour ses détracteurs, la semaine de 4 jours, en faisant rentrer la même masse de travail en moins de jours, contribuerait en effet à accentuer la fatigue du travailleur, qui, arrivant exténué le jeudi soir, emploierait toute une partie de son vendredi à récupérer.

 

 

 

Invité à commenter le peu d’attrait constaté pour la mesure, le cabinet du ministre de l’Emploi, Pierre-Yves Dermagne (PS) a rappelé auprès de l’Echo que l’ambition n’avait jamais été de généraliser la semaine de 4 jours. «Cette mesure est volontaire dans le chef du travailleur. Et elle ne peut être instaurée qu’après une procédure de concertations sociale au sein de l’entreprise et donc à la demande du travailleur. Nous pensons dès lors qu’il n’est pas anormal que la mise en place se fasse progressivement (ne fût-ce que pour respecter la concertation».

 

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