Quand la peau réagit mal aux UV : ce qu'il faut savoir sur les allergies au soleil

Les "allergies au soleil" peuvent prendre diverses formes, avec des traitements qui ne sont pas toujours pareils selon la pathologie précise dont il est question.

crème solaire pour se protéger du soleil
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Après un printemps globalement maussade, les beaux jours sont enfin là. Logiquement, nombreux sont donc ceux à vouloir profiter du soleil. Mais là, mauvaise surprise: la peau réagit mal à ce bain de rayons ultraviolets (boutons, plaques rouges, irritation, prurit, etc.). Cette "allergie au soleil" est connue dans le monde médical sous le nom de photodermatoses, au pluriel parce qu'il peut s'agir de différentes pathologies. Celles-ci sont particulièrement fréquentes sur les peaux qui n'ont pas été exposées au soleil depuis un bout de temps, ou peu, ce qui est augmente la probabilité d'apparition en cette période de l'année. Les causes peuvent être toutefois multiples, voire difficiles à identifier.

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La lucite estivale bénigne (LEB)

Parmi les photodermatoses, on retrouve couramment la lucite, et plus particulièrement la lucite estivale bénigne (LEB) Cette "allergie solaire des vacances" touche 10-20% des adultes, parmi lesquels les femmes sont clairement majoritaires (80%). Elle apparaît souvent entre 15 et 25 ans, mais cela peut survenir dès l'enfance. Ches les personnes concernées, il suffit d'un bain de soleil de 2-3 jours pour que l'éruption cutanée se produise. Des petites papules se forment alors et peuvent s'agglomérer pour constituer des plaques. Le décolleté, les épaules et les membres sont le plus souvent touchés (le visage est généralement épargné).

Si vous avez une LEB, ne vous inquiétez pas trop: bien qu'elle se reproduise chaque année, cette "allergie" s'atténue en 5-15 jours et ne laisse pas de cicatrices. Elle peut toutefois récidiver en cas d'exposition solaire trop importante. Elle peut même se produire en hiver dans les tropiques et en montagne (dans ce dernier cas, le visage peut être touché, ou plus spécifiquement les pommettes, le front, le lobe des oreilles et les tempes).

Pour limiter la gêne engendrée, il vaut mieux éviter les expositions brutales au soleil (par exemple entre 12 et 16 heures) et préférer une plutôt progressive. Le port de vêtements photoprotecteurs règle logiquement le problème. Quant à la crème solaire, il faut que celle-ci protège des UVA, qui sont ici en tort (contrairement aux UVB qui causent toutefois les fameux coups de soleil). Dernier élément qui peut aider: un apport suffisant en plusieurs nutriments (caroténoïdes, vitamines E et C, ou encore sélénium), éventuellement via des compléments alimentaires à visée antiradicalaire.

La lucite polymorphe (LP)

Il existe également une autre sorte de lucite, dite polymorphe (LP). Elle est assez proche de la LEB. Dans les pays anglo-saxons, il n'existe même aucune distinction entre les deux puisque les anglophones parlent indistinctement de "polymorphous light eruption". La LP est réputée plus sévère et persistante. Une fois que le printemps pointe le bout de son nez, des lésions prurigineuses apparaissent, même avec une exposition faible (passage dans la cour de récréation pour les enfants par exemple). Contrairement à la LEB (hors exposition hivernale), le visage est plus souvent touché, voire même en premier (idem pour le dos des mains). Une chéilite, c'est-à-dire une inflammation des lèvres, peut également se produire, ainsi qu'un eczéma.

Pas de chance pour les personnes atteintes de LP: contrairement à la LEB, les lésions ne disparaissent pas avec le bronzage. Il vaut donc mieux qu'elles soient particulièrement vigilantes vis-à-vis des règles qui prévalaient déjà pour la LEB (exposition réduite et progressive au soleil, crèmes anti-UVA, etc.), et ce du printemps à l'automne. Pour les cas particulièrement sévères, la prise d'antipaludéens de synthèse peut s'avérer utile.

L'urticaire solaire (US)

Au-delà de la lucite, il existe aussi l'urticaire solaire (US), qui se retrouve surtout chez les femmes jeunes adultes. Elle se manifeste par des papules très prurigineuses qui apparaissent dès que la peau est exposée au soleil et qui commencent à disparaître très rapidement, aussitôt celle-ci protégée. Contrairement aux différentes lucites, où des zones spécifiques du corps sont plus ou moins souvent touchées, l'US peut concerner toutes les parties non-couvertes, surtout si elles ne sont pas bronzées.

Pour cette pathologie, les antihistaminiques s'avèrent particulièrement efficaces, avec un dosage correspondant à la sévérité de l'US. Bien que les UVA soient aussi en tort ici, le spectre visible de la lumière solaire peut aussi jouer un rôle. Les crèmes solaires s'avèrent donc moins utiles pour éviter une US. Si les antihistaminiques s'avèrent insuffisants, des alternatives peuvent être proposées (photothérapie, ciclosporine, immunoglobulines intraveineuses et immunosuppresseurs) mais seulement chez l'adulte.

Le prurigo actinique

Pourquoi telle ou telle personne est-elle touchée par ces "allergies"? Mystère. Cette pathologie est d'ailleurs qualifiée de dermatose idiopathique, c'est-à-dire dont la cause n'est pas connue. Plusieurs hypothèses existent (hormones, pilule contraceptive, anxiolythiques, antibiotiques, antidiabétiques, certains cosmétiques, etc.) mais aucune explication ne s'est avérée véritablement convaincante pour l'heure. La recherche doit ainsi encore creuser afin de savoir s'il serait possible d'apporter une solution définitive pour que les personnes touchées soient débarrassées de ces pathologies.

Corine Bertolotto, du Centre méditerranéen de médecine moléculaire de l'université Côte-d'Azur, explique néanmoins à The Conversation que l'US pourrait trouver son origine dans une "réaction des cellules immunitaires présentes dans la peau". "En réponse à l'exposition aux rayons UV, les cellules immunitaires, en particulier les mastocytes et les basophiles (tous deux de la famille des globules blancs), peuvent libérer de l'histamine, qui est un médiateur majeur des réponses allergiques", explique-t-elle. Puisque l'histamine a des propriétés inflammatoires, cela provoque une "dilatation des petits vaisseaux sanguins responsables de la rougeur cutanée qui apparaît".

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