L'absence de réaction lors d'un viol liée à une cause neurologique, note une étude

Après avoir étudié les causes de l'immobilité des victimes d'agressions sexuelles, deux scientifiques invitent à reconsidérer la notion de consentement.

Anxiété chez une femme
Illustration d’une jeune femme dépressive, assise sur un canapé chez elle ©BelgaImage

C'est un phénomène constaté chez de nombreuses victimes de viol et d'agressions sexuelles: celles-ci se retrouvent complètement figées. Leurs membres ne répondent plus et il leur est impossible de fuir. Près de 70% des femmes s'étant rendues aux urgences après un tel crime ont fait part de cette "immobilité tonique". Intrigués, deux chercheurs de l'Institute of Cognitive Neuroscience (University College London) ont étudié le phénomène. Leur article, publié dans Nature ce lundi, en conclut que cette paralysie est due à un blocage des circuits cérébraux responsables du contrôle volontaire des mouvements, et ce à cause de la perception d'une menace aiguë. Une découverte qui, selon les scientifiques, est susceptible d'avoir un impact considérable dans le débat sur la notion de consentement lors d'un acte sexuel.

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Une découverte qui interpelle directement les juristes

Comme l'attestent les deux auteurs, cette immobilisme est de toute évidence involontaire. Le mécanisme exact reste encore assez méconnu mais cela pourrait être une réaction normale face à une menace. Les humains ne sont d'ailleurs pas les seuls à le faire. Plusieurs autres animaux adoptent le même comportement, le corps devenant comme gelé ou flasque. Il devient même impossible de produire le moindre cri.

Cette correspondance apparente entre l'être humain et d'autres espèces fait dire à ces scientifiques que leur hypothèse est probable. Elle doit maintenant être vérifiée par des recherches supplémentaires mais les deux universitaires invitent déjà à mieux réfléchir sur les implications très concrètes qu'aurait cette découverte.

"Les définitions juridiques du viol et de l'agression sexuelle sont fondées sur l'absence de consentement", rappellent-ils. "Par exemple, les auteurs peuvent prétendre qu'ils ont supposé que la victime était consentante en raison de l'absence de toute tentative claire de résistance [...] Nous devrions utiliser les découvertes neuroscientifiques pour empêcher que ces mythes ne soient colportés comme argument de défense des violences sexuelles et pour garantir la justice pour les victimes", déclarent les chercheurs. "Nous espérons que cela pourra aider à prévenir le blâme inapproprié de la victime et potentiellement attirer l'attention de la société sur l'importance cruciale du consentement actif".

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