

Dans le monde, entre 0,5% à 1% de la population est atteinte par une maladie dermatologique, le vitiligo. Cette dépigmentation de la peau, bénigne mais très visible, toucherait ainsi près de 70 millions d'individus, dont 50.000 à 60.000 en Belgique. Parmi les célébrités concernées, on compte notamment l'ancien Premier ministre français Édouard Philippe. Malheureusement, cette pathologie reste assez mal connue des scientifiques, qui peinent à en identifier les mécanismes avec précision. Malgré tout, certains chercheurs ont mis au point le tout premier traitement efficace: une crème connue sous le nom d’Opzelura. La Commission européenne vient de donner son accord pour sa mise sur le marché et celle-ci devrait bientôt être disponible pour les patients.
Si les médecins débattent encore de ses causes précises, le vitiligo serait une maladie auto-immune selon l'hypothèse dominante. Concrètement, les anticorps de la personne concernée se mettent à attaquer les mélanocytes, c'est-à-dire les cellules responsables de la pigmentation de la peau par production de mélanine. Celles-ci meurent et finissent par disparaître. De là découlent ces plaques blanches qui apparaissent sur la peau qui finissent généralement par s'étendre, parfois sur la totalité du corps.
Qu'est-ce qui serait à l'origine de ce comportement anormal des anticorps? C'est la question. Une prédisposition génétique pourrait constituer une des causes principales, couplée avec un événement lié à l'environnement (accident, stress, etc.) qui déclencherait le véritable début du vitiligo.
Jusqu'ici, le traitement reposait surtout sur l'utilisation de crèmes corticoïdes ou d'autres dites "immuno-modulatrices topiques". Le problème, c'est qu'elles permettent de freiner la maladie, pas de la guérir. Les seules alternatives, ce sont les UVB (dans l'hypothèse où il reste des mélanocytes qui peuvent être stimulées) ou la greffe de mélanocytes.
En 2019, le congrès mondial de dermatologie présente toutefois une nouvelle piste convaincante pour traiter cette pathologie: l'élaboration d'une crème à base de ruxolitinib. Elle agit selon un principe anti-JAK, c'est-à-dire en bloquant le dysfonctionnement immunitaire qui participe à la destruction des mélanocytes. C'est la première fois qu'une solution est proposée pour traiter le problème à la racine. Il est alors annoncé que près de 50% des patients bénéficiant de cette méthode ont pu constater une repigmentation de la peau du visage.
L'idée fait ensuite son chemin et en juillet 2022, le médicament reçoit une autorisation de commercialisation aux États-Unis. Fin avril 2023, l'Union européenne a emboîté le pas pour la crème Opzelura, développé par Incyte, à destination du vitiligo non-segmentaire avec atteinte faciale et ce dès l'âge de 12 ans. Cette décision doit maintenant être appliquée dans les différents pays européens. Le médicament doit être appliqué deux fois par jour pendant une durée de six mois à un an, les effets positifs étant maintenus après l'arrêt du traitement.
Pour l'heure, l'Opzelura se montre surtout efficace pour la repigmentation du visage, qui est plus aisée, pas pour le reste du corps, y compris les mains. Les scientifiques continuent toutefois de chercher à améliorer le traitement. Un couplage avec une exposition aux UVB est à l'étude, tout comme une forme orale du médicament.