

Les résultats d'une nouvelle enquête menée par la Fondation contre le Cancer montrent une diminution du nombre de fumeurs en 2022 (24% de la population) par rapport à 2020 (29%) et 2021 (27%), années où la crise Covid battait son plein.
D'après les dernières statistiques, le tabagisme a diminué chez les hommes (26% en 2022 contre 31% en 2021) mais ces derniers sont toujours plus nombreux à fumer que les femmes (26% contre 23%). La consommation de tabac est plus élevée à Bruxelles qu'en Flandre et en Wallonie (36% contre 21% en Flandre et 27% en Wallonie). Et c'est au sein des classes socio-économiques les moins favorisées que l'on apprécie le plus griller une clope (29%).
Concernant la cigarette électronique, elle plait de plus en plus aux jeunes mais son usage est resté stable au cours des quatre dernières années. "Mais on constate que le vapotage occasionnel est nettement plus élevé à Bruxelles qu'en Flandre ou en Wallonie (surtout auprès de la tranche d'âge 15-34 ans)", observe la Fondation contre le Cancer.
Sommes-nous en train de refaire les mêmes erreurs avec le vapotage ? C’est la question que s’est posée Simon Chapman, professeur en santé publique à l’Université de Sydney : « Lorsque la cigarette est devenue populaire, au début du XXe siècle, on nous a dit qu’elle était bonne pour la santé et partout, dans toutes les publicités (y compris auprès des jeunes), fumer paraissait si cool… Il nous a fallu du temps pour comprendre ce qu’il en était réellement, et cette information est arrivée trop tard pour beaucoup de fumeurs », commence-t-il dans The Conversation.
Le vapotage s’est développé il y a une dizaine d’années seulement. Par conséquent, s’il est responsable d’affections graves, telles que le cancer du poumon, de maladies cardiovasculaires ou respiratoires, les cas sont encore peu nombreux à l’heure actuelle : « Cela n’a pas empêché certaines déclarations cavalières selon lesquelles le vapotage est ‘95 % moins dangereux que le tabagisme’ ».
En effet, les effets du vapotage sur notre santé sont encore peu connus et les données les plus récentes semblent même montrer qu’il n’est pas inoffensif. Des études ont montré que les cigarettes électroniques contenaient des substances cancérigènes et qu’elles pouvaient être corrélées à l’asthme et altérer notre système vasculaire. « Les connaissances sur la toxicologie mortelle de la fumée de tabac ont été acquises au fil des décennies… Pour la vape, on manque encore énormément de données. Les milliers de substances chimiques aromatisantes aspirées posent ainsi des problèmes aux autorités de réglementation », ajoute le professeur en santé publique.
L’association américaine des fabricants d’arômes et d’extraits avait d’ailleurs déclaré en 2021 que « les fabricants d’e-cigarettes ne doivent pas affirmer ou suggérer que les ingrédients aromatiques utilisés dans leurs produits sont sans danger […] car de telles déclarations sont fausses et trompeuses ».
Un autre problème pose question : celui de la publicité. Toutes les formes de publicité et de promotion du tabac sont interdites depuis longtemps. Mais aujourd’hui, à l’ère d’internet et des réseaux sociaux, les choses sont plus complexes : « Les médias sociaux sont aujourd’hui inondés de promotions pour les cigarettes électroniques, avec par exemple des mélanges illégaux vendus comme des « fruits » sur Facebook Marketplace », regrette Simon Chapman.
La cigarette électronique pourrait aussi être dangereuse pour les non-vapoteurs. En effet, des recherches ont montré que les espaces intérieurs où étaient réunis de nombreux vapoteurs contenaient « des concentrations en particules en suspension dans l’air plus élevées que les bars bondés à l’époque où le tabac était autorisé ».
Le professeur précise que les grands fabricants de tabac fabriquent également des produits de vapotage : « Il ne s’agit donc pas seulement du même jeu, mais aussi des mêmes acteurs. On dit souvent que si les cigarettes étaient inventées demain et que nous sachions alors ce que nous ne savions pas à l’époque, aucun gouvernement au monde n’en autoriserait la vente (et encore moins la vente dans les magasins de proximité)… C’est pourtant ce qui se passe aujourd’hui avec la vape », prévient-il.