
Voici la formule scientifique pour donner des orgasmes à tous les coups
La frustration sexuelle est-elle derrière nous? Peut-être pas encore, mais des chercheurs de l’Université du Sussex, en Grande-Bretagne, ont présenté une découverte majeure. Ils ont développé deux formules mathématiques permettant d’atteindre l’orgasme à coup sûr, en solo, en couple ou à plusieurs. La première concerne l’aspect physiologique de la jouissance. La seconde, son aspect psychologique. Bon, elles sont incompréhensibles. C’est pourquoi on vous les épargne. Ce ne sont en fait pas des calculs que l’on peut utiliser dans l’intimité de la chambre à coucher. Néanmoins, rassurez-vous, ces maths peuvent tout de même être utiles.
“Nos résultats ont mis en lumière un sujet socialement tabou qui, selon nous, pourrait avoir des applications utiles pour le traitement clinique de la dysfonction sexuelle, ainsi que pour fournir au grand public une formule testée pour améliorer sa vie sexuelle”, a déclaré Yuliya Kyrychko, co-autrice de cette étude sobrement intitulée "Sex, ducks, and rock “n” roll: mathematical model of sexual response".
Ce n’est pas la première fois qu’un modèle de ce type est développé, mais les équations de Yuliya Kyrychko et de son collègue Konstantin Blyuss sont les premières à réellement conduire au climax, en laboratoire évidemment, grâce à des tests. Ceux-ci déterminent clairement ce qu’il se passe dans le corps, dans le cerveau ainsi que dans les pensées. Elles déterminent par ailleurs comment on peut activer les zones qui mènent à la jouissance.
L’énigme du multiorgasme
Pour l’heure, ces équations ne fonctionnent que pour les hommes. Mais les chercheurs étudient l’orgasme féminin qui est “physiologiquement et mathématiquement plus complexe que la réponse sexuelle masculine”, a encore précisé Kyrychko. Plus complexe, mais surtout moins documentée. Pour arriver à ces formules, l’équipe de l’Université du Sussex s’est inspirée d’autres études liées à l’orgasme existantes depuis les années 50. Or force est de constater que la littérature scientifique est moins fournie pour l’orgasme féminin que pour le masculin. Pas simplement parce qu’il est plus complexe, mais aussi parce que - société patriarcale oblige - il a longtemps été balayé sous le tapis.
Rattraper ce retard est essentiel, car la réponse sexuelle diffère selon le sexe. Les chercheurs ont tout de même défini quatre étapes similaires qui arrivent toujours dans cet ordre: l’excitation, le plateau, l’orgasme et enfin la résolution. Les hommes vivent ensuite un stade “réfractaire” durant lequel ils ne peuvent plus, en général, être excités. Du côté des femmes, les chercheurs ont déterminé que le schéma ne se terminait pas à la “résolution”, car elles peuvent reparcourir le chemin immédiatement, et ainsi connaître des orgasmes multiples. Le modèle mathématique devrait donc être circulaire et non linéaire.

À nombre égal de rapports sexuels, les hommes jouissent plus que les femmes. © Adobe Stock
S’interroger pour mieux buzzer
La sexologue de SexoPositive et coautrice, entre autres, d’Entre mes lèvres, mon clitoris, Alexandra Hubin, n’a pas été surprise par cette étude. “Utiliser des formules pour étudier la physiologie humaine a été fait par le passé. Ce qui est audacieux de la part des chercheurs de l’Université du Sussex, c’est de le faire pour la sexualité. C’est donc une excellente nouvelle qu’ils aient annoncé la suite, un volet sur l’orgasme féminin. Cette publication fait un “buzz”, les médias en parlent, ce qui pousse les personnes à s’interroger sur leur sexualité, à comment l’améliorer - et surtout les personnes qui souffrent de troubles du désir, de l’excitation ou de l’orgasme, à peut-être chercher un traitement.”
À lire aussi : Le plaisir féminin fait-il vraiment « aaah, oui... » ?
Elle constate que la sexualité féminine a “quelques wagons de retard” au niveau de la recherche. “Elle paraît plus mystérieuse que la masculine, car l’érection du pénis et l’éjaculation sont plus visibles que l’excitation et la jouissance féminines bien qu’il existe une érection du clitoris. Avant, lorsqu’on parlait publiquement de la sexualité des femmes, c’était presque toujours pour évoquer la douleur, des dysfonctionnements, des peurs. De plus en plus, on en parle pour évoquer le plaisir, la satisfaction sexuelle. C’est un changement majeur.”
L’orgasme ne doit pas être un objectif en soi. Le lâcher-prise est la meilleure formule à appliquer.
Le tabou n’a pas encore sauté. Il touche même encore les hommes dans certaines familles. Toutefois, la société est indéniablement plus ouverte que par le passé. Alexandra Hubin le constate lors de ses consultations. “Des personnes viennent évidemment pour parler de problèmes, de dysfonctions sexuelles ou de troubles, mais de plus en plus, certains consultent simplement pour apprendre à mieux connaître leur corps, pour améliorer leur sexualité individuelle, et avec un ou une partenaire.”
L’orgasme contribue clairement à l’épanouissement personnel. Or, sur ce point aussi, il existe une inégalité de genre… Dans tous les sondages, les hommes déclarant jouir bien plus souvent que les femmes à nombre égal de rapports sexuels. Toutefois, alerte encore la sexologue, il ne faut pas non plus trop se mettre la pression. “L’orgasme ne doit pas être un objectif en soi. Cela peut créer des frustrations et même un manque de plaisir. Plus on se focalise pour en avoir un, moins on a en fait de chances d’en avoir un. Le lâcher-prise est la meilleure formule à appliquer dans la chambre à coucher.”
Jouir grâce aux tâches ménagères
Jacques Marquet, sociologue de la sexualité à l’UCLouvain attire notre attention sur une étude qui certes date un peu (2008) - elle est en train d’être mise à jour, nous confirme la chercheuse Nathalie Bajos -, mais dont les résultats seraient encore actuels. Selon ce rapport intitulé La sexualité à l’épreuve de l’égalité, dont l’échantillon est français, lorsqu’un couple est relativement “égalitaire”, c’est-à-dire qu’il y règne une bonne répartition des tâches et des corvées, la satisfaction sexuelle tant des hommes que des femmes serait meilleure. “Dans les couples très inégalitaires, au contraire, surtout lorsqu’ils ont des enfants en bas âge, l’appétence sexuelle est plus faible, surtout chez les femmes. Les couples qui fonctionnent de façon traditionnelle ont tendance également à avoir une conception inégalitaire sur le pan sexuel”, ajoute Jacques Marquet.