

Le tabac t'abat. L'air est connu, mais tristement vrai. Selon le SPF Santé publique, il est un problème majeur de santé publique. « Le tabagisme est la cause principale du développement du cancer du poumon (90% des cas) et est responsable d’un cancer sur trois, tous types confondus. Le tabac provoque également des maladies cardiovasculaires, des infarctus, de l’emphysème pulmonaire et d’autres problèmes de santé. En Belgique, il tue près de 20.000 Belges par an. Au niveau européen, ce chiffre atteint près de 700.000 morts ».
C'est dans ce contexte que chaque pays européen a, désormais, un plan tabac pour lui faire la peau. Le plan tabac en Belgique, présenté en décembre dernier, vise avant tout à rendre le tabac moins attrayant et plus difficilement accessible. Concrètement, il s'agit de limiter les points de vente et coins fumeurs. Eviter les « rideaux de fumée » devant l'entrée des hôpitaux et des écoles, sur les quais de train et dans l'horeca. En parallèle, la vente de tabac sera limitée : fin des distributeurs automatiques, interdiction de la vente de cigarettes dans les cafés et festivals...
Cela fera-t-il une génération sans tabac ? On en doute. Par rapport à ce qui est discuté en France et en Grande-Bretagne, en effet, ce plan s'apparente à des mesurettes... Chez nos voisins, on parle plutôt d'interdire purement et simplement le tabac pour les moins de 21 ans. Pour info, l'âge légal pour acheter du tabac dans ces trois pays est de 18 ans. Il était encore à 16 ans en 2019, chez nous, le dernier pays européen où c'était le cas.
La France compte encore 25% de fumeurs quotidiens. Emmanuel Macron voudrait faire passer ce chiffre sous la barre des 5%. Pour ce faire il a demandé les recommandations du Centre national de lutte contre le tabagisme (CNCT), lequel prône plusieurs mesures fortes : augmentation drastique des prix, interdiction des filtres (un enfer écologique autant que sanitaire) et l'interdiction de vendre du tabac aux moins de 21 ans. Ce n'est pas tout, le CNCT prône aussi, pour en finir vraiment avec le tabac, d'interdire tout accès aux personnes nées après 2014 pour avoir une génération sans tabac. En Angleterre, l’Action on smoking and health (ASH) appelle le gouvernement britannique à envisager, comme en France, le relèvement à 21 ans de l’âge légal de vente de tabac.
Une étude parue dans la revue scientifique The Lancet en 2021 démontre qu’une très large majorité de fumeurs s’initient au tabac avant leurs 21 ans. En France, l'âge moyen est de 14 ans, selon le CNCT. Dans ces conditions, relever l'âge légal pour fumer à 21 ans fait sens.
Selon la modélisation des universitaires de l’UCLouvain et l’expérience américaine (où 21 ans est déjà l'âge légal pour fumer), l’application d’une telle mesure aurait pour effet de réduire de 30% la prévalence tabagique auprès des 18-21 ans dès la première année. En quelques années, l’élargissement de l’interdiction aurait pour effet de considérablement diminuer la prévalence tabagique de l’ensemble de la population.
Selon Robert West, professeur émérite à l’University College London, « l’augmentation de l’âge de vente du tabac à 21 ans conduira à une baisse immédiate et substantielle de la prévalence tabagique chez les jeunes adultes, bien plus importante que toute autre mesure politique envisagée ». Au total, cette proposition pourrait protéger et écarter plus de cent mille personnes du tabagisme dès la première année de son application de mise en place d'une telle loi. Trop beau pour être vrai ? Et si on essayait ?