Un amour immodéré pour sa personne sur les réseaux sociaux : sommes-nous tous devenus narcissiques ?

Les réseaux sociaux ont transformé les relations et le rapport que l'on a à soi. De quoi tous devenir narcissiques ?

Un amour immodéré pour sa personne sur les réseaux sociaux : sommes-nous tous devenus narcissiques ?
@Pexels

Avec l'été qui approche à grands pas, c'est le retour en cascade des selfies plus égocentrés les uns que les autres qui s'annonce. L'époque où l'on se trouvait coincé d'interminables minutes sur un divan trop dur, spectateur d'albums photos sortis par un ami  enthousiaste est révolue. Aujourd'hui, les albums sont en direct sur Facebook, Instagram, TikTok... avec une quête de l'esthétique toujours plus déterminée. Il n'est plus seulement question d'immortaliser un paysage particulier, mais de se mettre en scène dans ce décor féérique.

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Mais là n'est que la première étape d'un processus en plusieurs temps. Puisque ces publications seront commentées, likées permettant un renforcement de l'image que l'on a de soi. Mais alors serions nous tous devenus narcissiques ? Adoptant un amour immodéré de sa personne ? Réclamant des autres une reconnaissance sans concession ? Quitte à dévaloriser voire écraser de son influence ses congénères ?

À la première question, les spécialistes sont catégoriques : la réponse est affirmative. Il est alors question de narcissisme "normal". "Chacun d’entre nous a un petit narcissique « normal » en lui, qui s’exprime à travers la confiance en soi, voire un minimum de suffisance, mais qui laisse tout de même la place à une capacité à faire preuve d’empathie et d’émotions", remarque April Nisan Ilkmen, doctorante à l'université de Adler aux Etats-Unis. Ses recherches se concentrent notamment sur les relations de couples et familiales, dans lesquelles la problématique du narcissisme est quotidienne. Ce narcissisme évoqué peut en réalité être bénéfique pour augmenter la capacité à progresser et à booster la motivation de certaines personnes.

Le narcissisme pathologique peut faire souffrir

Comme dans tout, le vice naît de l'excès. "Si un désir excessif d’attention ou d’approbation, voire un sentiment de soi démesuré, fait surface dans cette recherche de progrès, on n’est plus dans le domaine du narcissisme sain", prévient-elle dans The Conversation. Les limites dépassées, ce narcissisme sain devient pathologique. Celui qui "considère tous les autres comme une extension de lui. Ceux qui partagent leur vie, en particulier leur cercle proche, doivent être parfaits, car ils contribuent à l’image de soi du narcissique. Comme pour d’autres troubles de la personnalité, un cercle vicieux d’idéalisation et de dévalorisation se crée, générant ainsi une relation toxique."

Et le bon compagnon du narcissique, dans cette relation unilatérale à lui-même, est une personne capable de renvoyer ces impressions de grandeurs à son interlocuteur. La relation est bien souvent strictement superficielle et peu de véritables échanges interpersonnels existent. "L’abus narcissique est une forme d’abus psychologique et émotionnel extrême caractérisé par des formes de communications manipulatrices et de tromperies intentionnelles, à des fins d’exploitation, par une personne qui répond aux critères du narcissisme pathologique", remarque encore la doctorante.

Il convient de rester sur ses gardes gars cette manipulation est presque toujours accompagnée d'une relation toxique de laquelle il n'est pas toujours simple de pouvoir se défaire. Sentiment de dépendance, de culpabilité, d'impuissance, de dévalorisation peuvent engendrer des attitudes d'attachement à ces personnes centrées sur elles-mêmes.

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