Pourquoi ma plus grande peur est de perdre mes capacités intellectuelles ?

En 2050, le nombre de cas de démence devrait tripler alors qu'en Belgique, la maladie est déjà la plus meurtrière.

© Moustique

Le syndrome démentiel est celui qui effraie le plus les Européens dans les sondages, après le cancer. La perte des capacités cognitives et intellectuelles est dramatique. Pour le patient et ses proches qu’il oublie…

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Selon l’Organisation mondiale de la santé et l’association Alzheimer Disease International, les cas explosent. Ils devraient tripler d’ici 2050 et toucher, à échéance, 152 millions de personnes dans le monde. La Belgique ne fait pas exception. La démence est devenue, fin 2022, la première cause de mortalité chez nous, ex aequo avec les pathologies coronariennes. Devant, donc, les cancers et les maladies cardiovasculaires. Selon Sciensano, pratiquement un Belge sur dix décède désormais en raison d’une dégénérescence cérébrale.

La majorité des cas (70 %) concerne Alzheimer, le syndrome le plus connu. Il en existe d’autres. L’acteur Bruce Willis a mis les projecteurs sur la dégénérescence fronto-temporale, la DFT. Représentant environ 5 % des diagnostics, elle touche des régions du cerveau associées à la personnalité et au comportement. Deux autres formes de démence sont répertoriées sous cette balise: celle “à corps de Lewy” - qui inclut généralement des symptômes de tremblement - et la démence vasculaire. Celle-ci se manifeste suite à la destruction du tissu cérébral due à une mauvaise circulation sanguine. C’est pourquoi elle apparaît généralement suite à un AVC. Une seule personne peut être touchée par plusieurs formes de démence.

La démence est un terme générique qui traduit une dégénérescence du cerveau. Le syndrome se manifeste par une altération des fonctions cognitives comme la mémoire, la mobilité ou l’équilibre. Cela est provoqué par le vieillissement de diverses régions du cerveau, de neurones”, définit le professeur de l’ULB Roland Pochet, chercheur en neurosciences et secrétaire général du Belgian Brain Council.

Malades précoces

Les facteurs de risques sont connus. “L’âge représente le facteur le plus décisif”, établit le prof de l’ULB. À 65 ans, la prévalence équivaut à 2 % de la population. Par la suite, celle-ci double tous les cinq ans environ. Un senior de 85 ans sur trois est touché. En raison du vieillissement de la population, il est logique que les cas deviennent plus fréquents.

Ce n’est toutefois pas qu’une question d’âge. 9 % des cas sont dits “précoces” et apparaissent avant la retraite. La plus jeune victime de l’histoire - un jeune Pékinois de 19 ans sans disposition génétique - vient d’être diagnostiquée début 2023. Une étude américaine menée par l’assureur BCBS assure que les cas de démence entre 30 et 64 ans ont triplé entre 2013 et 2017. Cela pourrait être lié à un hasard statistique, mais les chercheurs suspectent un lien avec la prise de médicaments antidépresseurs. 57 % de ces adultes suivaient un traitement l’année avant d’avoir contracté la maladie. Les auteurs ont cependant insisté sur le fait qu’il ne faut, à ce stade, pas conclure qu’un lien existe entre les antidépresseurs et Alzheimer. Il ne s’agit que d’une observation dans une étude spécifique.

Comment se prémunir

Que fait pour éviter la maladie? “Globalement, avoir une bonne hygiène de vie permet de limiter les risques, comme pour toutes les maladies”, établit Bernard Hanseeuw, professeur et neurologue à la Clinique de la mémoire de Saint-Luc. Selon l’OMS, il est de fait possible de réduire le risque en faisant de l’exercice, en ne fumant pas, en limitant sa consommation d’alcool, en évitant les graisses saturées (margarine, chips…), en contrôlant son poids et en mangeant sainement. En veillant, en outre, à son niveau de tension artérielle, de cholestérol et de glycémie. Parmi les autres facteurs de risque, l’OMS cite la dépression, le faible niveau de scolarité, l’isolement social et l’inactivité cognitive.

Éviter de s’exposer à la pollution serait un autre geste malin, quand c’est possible. Des recherches récentes, dont une synthèse de 70 études publiée par une agence sanitaire britannique et des travaux de l’Association Alzheimer américaine, mettent en évidence l’impact de la pollution atmosphérique sur l’augmentation des cas. Une étude de l’université Western Ontario a de son côté montré que le risque augmentait avec l’exposition aux particules fines de type “PM 2,5” causée par le trafic routier. Cela étant dit, au grand dam des familles, il n’existe pour l’heure pas de recette miracle pour éviter la démence. “Mais la recherche avance”, positive enfin Roland Pochet.

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