Maladie de Parkinson: pourquoi de plus en plus de jeunes adultes sont atteints?

Loin de n'être qu'une "maladie de vieux", le Parkinson touche aussi un nombre croissant de jeunes, ce qui pose la question des causes de cette tendance.

Parkinson et Alzheimer
Illustration d’une maladie neurodégénérative ©BelgaImage

Selon l'asbl Stop Parkinson, près de 40.000 personnes souffrent de la maladie de Parkinson en Belgique. Un nombre appelé à tripler d'ici 2040 au vu de l'évolution actuelle. Parmi ces patients, la plupart ont les premiers symptômes entre 55 et 70 ans (douleurs dans le dos, raideur, élocution plus lente, marche pénible, fatigue plus vite atteinte, dépression, ou encore les fameux tremblements). Mais désormais, dans 15% des cas, ceux-ci ont moins de 45 ans, voire beaucoup moins. Il est même possible de le mal soit encore plus profond, le diagnostic étant encore plus compliqué à cet âge-là. Il faut souvent des années avant la sentence ne tombe. Quoi qu'il en soit, ce phénomène intrigue, notamment en ce 11 avril, journée mondiale de lutte contre la maladie de Parkinson. Comment se fait-il que des jeunes adultes l'attrapent? Les causes restent encore floues mais quelques pistes permettent d'y voir un peu plus clair.

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Au-delà de la génétique, l'environnement en cause

Selon l'Institut du Cerveau (ICM), installé en France, environ 5% de tous les cas de Parkinson sont héréditaires. Interrogée par Europe 1, Marie Fuzzati, directrice scientifique de l'association France Parkinson, estime même que ce pourcentage pourrait monter jusqu'à 10-15%, surtout chez les jeunes. Pour l'instant, on compte 13 gènes liés à l'émergence de la maladie. Si un enfant naît d'un parent atteint de cette pathologie et qu'il est porteur de la mutation génétique, le risque de développer la maladie est accru de 50%. Il est donc probable qu'une partie des jeunes patients trouvent l'origine de leur malheur dans cette cause génétique.

Sauf que s'il n'y avait que ça, il n'y aurait pas toujours plus de cas de Parkinson recensés. Pour l'expliquer, des associations évoquent l'argument de l'amélioration des techniques de diagnostic et d'une meilleure sensibilisation, mais ce n'est pas tout. "Les pesticides, dans la nourriture, dans les produits conditionnés vont contribuer en grande partie à augmenter les nouveaux cas de malades de Parkinson et d'autant plus chez les jeunes parce qu'ils y sont exposés depuis leur naissance", explique Marie Fuzzati.

Depuis les années 2000, les études se multiplient en effet pour montrer un lien entre Parkinson et exposition aux pesticides, avec notamment pour preuve la prévalence particulièrement élevée de la maladie parmi les agriculteurs qui en utilisent. Des substances comme le Lasso et le paraquat, deux herbicides, sont pointés directement du doigt.

Une protéine α-synucléine déformée derrière le crime?

Pour le reste, force est de constater que la recherche patauge pour identifier les causes de la maladie. Pourquoi ces patients sont-ils atteints de cette dégénérescence progressive des neurones dopaminergiques, c'est-à-dire ceux qui produisent de la dopamine, un neurotransmetteur? Les associations avouent ne pas pouvoir trop s'avancer en la matière.

Il n'empêche, plusieurs nouvelles pistes ont récemment été évoquées. De plus en plus de chercheurs tendent notamment à incriminer une protéine, l'alpha-synucléine (ou α-synucléine). Lorsque la production, la gestion ou le stockage de l'α-synucléine est perturbé, elle peut mal se replier sur elle-même et former des agrégats. Cela mène ensuite, selon les cas, à l'émergence d'une démence à corps de Lewy, à une atrophie multisystématisée, ou encore à la fameuse maladie de Parkinson. Ces agrégats d'α-synucléine seraient donc directement liés à la mort des cellules dopaminergiques.

Le rôle de l'intestin de plus en plus évoqué

Nous disposerions donc d'une première pièce du puzzle. Mais au fait, d'où vient cette forme très problématique d'α-synucléine qui colonise nos neurones afin de leur donner le coup de grâce? Depuis 2003, plusieurs scientifiques évoquent une piste surprenante: il existerait un canal cerveau-intestin qui servirait de voie de transmission bidirectionnelle à longue distance de l'α-synucléine. Une étude publiée en novembre dernier dans Nature Communications confirmerait ce lien et irait même encore plus loin. Selon celle-ci, un dérèglement du microbiote intestinal pourrait induire une surproduction de substances toxiques et affecter l'α-synucléine.

Cela rejoindrait un article publié quelques mois plus tôt par des chercheurs de l'UCLouvain selon lesquels une défaillance du mécanisme de métabolisme des sucres (la glycolyse) serait en cause. Ce défaut serait en fait lié à l'inactivation de l'enzyme PARK7, d'où des dommages infligés aux protéines puis l'apparition d'un Parkinson. L'université néolouvaniste explore également l'idée qu'une protéine nouvellement découverte, CnoX, pourrait aussi jouer un rôle, puisqu'elle est censée mener les autres protéines auprès de leur "gardien", GroEL, qui leur permet à son tour non seulement de se protéger des dangers qui les guettent mais aussi de se replier de façon adéquate.

Bref, il faudrait donc vraiment s'intéresser à ce qui se passe du côté de l'intestin pour mieux comprendre ce qui se passe ensuite dans le cerveau. Si le premier va mal, le deuxième suivrait. Reste à savoir si ce lien joue un rôle primordial ou secondaire dans cette chaîne d'événement, puis quelles seraient les causes premières de cet état de fait, celles qui provoquent ce dérèglement métabolique. Pour l'heure, les associations s'accordent toutes pour dire que les raisons sont probablement multifactorielles, avec un rôle important de l'environnement (exposition aux pesticides, solvants ou autres produits chimiques).

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