L'industrie pharmaceutique nous veut-elle vraiment du mal ?

Jusqu’ici, les affaires de Big Pharma venaient toutes de l’étranger, même si certaines victimes étaient belges comme lors du drame du Softenon. Après un bras de fer juridique de huit ans, Test Achats a eu gain de cause. La société Novartis a été condamnée par l’Autorité de la concurrence à une amende de 2,8 millions d’euros pour abus de position dominante. L’affaire? Novartis et Roche, deux entreprises liées financièrement, se sont entendues pour bloquer en Belgique l’utilisation d’un médicament dans le traitement de la forme humide de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Roche n’a pas demandé l’approbation de l’Avastin, développé initialement contre le cancer malgré ses effets positifs avérés ­contre la maladie oculaire. Les deux sociétés ont également mis en doute la sécurité de l’Avastin pour des raisons infondées. L’objectif était de mettre en avant le Lucentis. Ce médicament produit par Novartis coûte 20 fois plus cher. Les marges bénéficiaires étaient donc bien plus élevées. Le Syndicat ophtalmologique belge a estimé le gaspillage à 200 millions d’euros entre 2009 et 2014 pour la sécurité sociale. Selon Test Achats, ce montant s’élèverait à un plus d’un demi-milliard d’euros aujourd’hui. Malades ou non, ce sont donc les citoyens via leurs impôts qui paient le prix de cet abus. L’amende de 2,8 millions d’euros ne compensera pas le déficit.

Dans cette affaire, finalement financière, la santé des patients n’a pas été mise en péril comme ce fut le cas avec le Softenon ou avec l'Oxycontin, l'un des antidouleurs au coeur de la crise des opiacés en Amérique du Nord, mis en lumière par la série Dopesick. “Le risque zéro n’existe pas et peut-être qu’un jour un nouveau cas de tromperie ayant un impact sur la santé apparaîtra, mais en 2023 en ­Belgique, les contrôles au niveau de la qualité et de la sécurité des médicaments sont très sérieux. Les patients ne doivent pas s’inquiéter des traitements médicamenteux, s’ils sont pris selon leurs indications”, rassure Jean-Marie Maloteaux, rédacteur en chef du Centre belge d’information pharmacothérapeutique.

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