
Tétanos, rougeole, coqueluche : pourquoi la vaccination reste la meilleure arme pour protéger les enfants

En 2021, 5 millions d’enfants sont morts avant d’avoir 5 ans dans le monde. Chaque jour, 2.500 enfants décèdent de pneumonie, 1.500 de diarrhée, 1.000 de paludisme, 300 de rougeole, 150 de coqueluche, et 100 de tétanos néonatal.
La plupart des décès d’enfants surviennent au cours des cinq premières années, dont la moitié au cours du tout premier mois de vie. Pour ces bébés les plus jeunes, les naissances prématurées et les complications pendant le travail sont les principales causes de décès. De même, plus de 40 % des mortinaissances surviennent pendant le travail. La plupart de ces décès peuvent être évités lorsque les femmes ont accès à des soins de qualité pendant la grossesse et l’accouchement.
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Des décès évitables
Pour les enfants qui survivent au-delà de leurs 28 premiers jours, les maladies infectieuses comme la pneumonie, la diarrhée et le paludisme constituent la plus grande menace. La rougeole et le tétanos néonatal, maladies pour lesquelles il existe un vaccin, causent près de 200.000 morts chaque année. « La vaccination est pourtant l’un des actes médicaux les plus simples et les plus rentables en termes de prévention des maladies et de réduction de la mortalité. Cela fait près de cent ans que le premier vaccin contre le tétanos a été inventé, et 60 ans qu’il en existe un pour la rougeole », explique l’anthropologue et démographe Gilles Pison dans The Conversation.
Plus grand recul continu
Si l’épidémie COVID-19 n’a pas directement augmenté la mortalité infantile – les enfants ayant moins de chances de mourir de la maladie que les adultes – la pandémie peut avoir accru les risques futurs pour leur survie. En particulier, les rapports de l’UNICEF soulignent les préoccupations liées aux perturbations des campagnes de vaccination, des services de nutrition et de l’accès aux soins de santé primaires, qui pourraient compromettre leur santé et leur bien-être pendant de nombreuses années.
En outre, la pandémie a alimenté le plus grand recul continu des vaccinations depuis trois décennies, exposant les nouveau-nés et les enfants les plus vulnérables à un risque accru de mourir de maladies évitables.
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Explosion de rougeole
En avril dernier, ces institutions internationales ont tiré la sonnette d’alarme face à l’explosion de cas de rougeole dans le monde, qui avaient augmenté de près de 80% au cours des deux premiers mois de l’année 2022. « La rougeole est plus qu'une maladie dangereuse et potentiellement mortelle. C'est aussi un des premiers signes qu'il y a des lacunes dans la couverture vaccinale mondiale », avait souligné la directrice générale de l'Unicef, Catherine Russell.
La résurgence de cette maladie infectieuse s’explique par le fait qu’en 2020, 23 millions d'enfants dans le monde n'ont pas reçu les vaccins infantiles de base par le biais des services de santé de routine, le nombre le plus élevé depuis 2009 et 3,7 millions de plus qu'en 2019.
Selon les chiffres de Sciensano, la vaccination contre la rougeole, la rubéole et les oreillons chez les 11-12 ans a baissé de 3% entre 2018 et 2021 en Belgique. Les cas de coqueluche sont également en augmentation ces vingt dernières années. Depuis 2010, on recense chaque année 1 à 5 décès de bébés liés à cette maladie dans notre pays.
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Maladies éradiquées
Au total, ce sont 81% des enfants de 1 an qui ont été vaccinés contre la rougeole dans le monde. Une proportion qui a énormément progressé depuis les années 80 mais qui peine à atteindre l'objectif des 90%. Selon l’anthropologue Gilles Pison, si tous les enfants de la planète ne sont pas vaccinés, ce n’est pas en raison du coût des vaccins, mais en raison de l’intérêt « insuffisant » pour la prévention et d’une mauvaise organisation sanitaire : « La pandémie de Covid-19 a désorganisé les programmes de vaccination des enfants, entraînant une diminution de la couverture vaccinale dans le monde, et en particulier dans les pays les plus pauvres».
Dans les prochaines années, de nouveaux vaccins devraient voir le jour pour prévenir les infections entrainant les diarrhées et pneumonies, principales causes de décès chez les jeunes enfants aujourd’hui. Et comme l’a été la variole en 1979, plusieurs maladies infectieuses pourraient être éradiquées grâce à la vaccination: « La poliomyélite est sur le point d’être éradiquée, la rougeole pourrait suivre dans quelques années ou décennies », affirme Gilles Pison.