La cigarette électronique gratuite pour faire vivre les fumeurs plus longtemps?

Au Royaume-Uni, le secrétaire d’État à la Santé veut rendre l’e-cigarette gratuite pour les fumeurs précarisés afin de prolonger leur espérance de vie.

Vapoter gratuitement pour améliorer la santé
(@Belga Image)

Malgré les mesures de prévention prises au fil des années, le tabagisme touche encore plus d’un cinquième de la population belge. Il cause également environ 20.000 décès par an dans le pays. Pour faire baisser ces chiffres, l’État peut probablement faire mieux ou agir différemment.

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Au Royaume-Uni, pour affronter cette problématique, le secrétaire d’État à la Santé souhaite lancer un projet inédit: promouvoir la cigarette électronique.

En effet, comme le rapporte Le Soir, le ministre Sajid Javid voit dans le vapotage une façon de permettre aux fumeurs de vivre plus longtemps. Il aimerait donc la rendre plus accessible aux publics défavorisés.

Elle sera désormais gratuite sur ordonnance. Dès ce printemps, les médecins recevront de la documentation leur expliquant comment permettre à leurs patients les plus pauvres de profiter de cigarettes électroniques remboursées par le système de santé britannique.

D’un danger à un autre

S’il a été montré que l’e-cigarette est moins nocive que son homologue traditionnelle, elle contient tout de même de la nicotine, ce qui provoque l’addiction et vaporise « une foule de liquides non répertoriés » selon les termes du directeur du Conseil supérieur de la santé, Jean Nève, « et pose question en termes de toxicité et de cancérogénicité ».

Mais pour le ministre britannique de la Santé, cela reste mieux que la cigarette classique. Il voit en la cigarette électronique une façon d’étendre l’espérance de vie des plus gros fumeurs de quelques années. D’où cette initiative de la rendre gratuite pour les publics précarisés.

La démarche étonne. Plutôt qu’aider la population la plus atteinte par le tabagisme à arrêter, le Royaume-Uni va donc contribuer à ce qu’elle fume différemment.

Pour les experts de la question, cela n’a rien de fou. Dans certains cas, c’est même la meilleure solution. « Nous ne sommes pas tous égaux en termes de comportements. Si un fumeur résiste à tout ce qui a été mis en place pour lui permettre d’arrêter, il faut trouver des solutions qui ont des effets moins délétères, car c’est de toute façon mieux », commente Sandy Tubeuf, professeure à l’UCLouvain, toujours dans le Soir.  « Dans les milieux les plus précarisés, certains préfèrent allouer leur peu d’argent à la cigarette plutôt que de manger. Pour ceux-là, la cigarette électronique donnera un avantage de santé publique – puisqu’elle sera gratuite – et un gain en années de vie. Moins de cancers, moins d’hospitalisations, et donc, une facture moins lourde pour le système de santé publique. »

En Belgique aussi ?

Pourrait-on arriver à un scénario similaire dans notre pays ? Cela semble difficile à imaginer. Pour l’OMS, l’e-cigarette électronique est incontestablement nocive. Pour le Conseil supérieur de la santé, sa teneur en nicotine et, comme dit plus haut, des « liquides non répertoriés », qui la rendent dangereuse.

Ensuite, le marché est vaste et les modèles nombreux. Une telle initiative politique nécessiterait de baliser ce qui définit une cigarette électronique « acceptable » pour lutter contre l’addiction au tabac, celle qui serait donc remboursée.

Enfin, reste la problématique du temps. L’e-cigarette est encore récente et on ne connait pas encore les effets à long terme d’un usage régulier.

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