
Les élections, ses bugs et ses drôles de résultats

Dix jours après les élections, on en apprend encore de bien bonnes sur notre folklore électoral. Nous avons déjà un système à la proportionnelle qui oblige à faire des coalitions parfois étonnantes... Soit. Nous avons aussi l’apparentement, qui nous a valu 4 ans de Laurent Louis au Parlement... Soit. Nous avons encore eu le superbe bug électoral du vote électronique… Soit. Et puis hier, Pascal Delwit sortait sa calculette pour nous montrer à quel point les grands partis sont avantagés par rapport aux petits partis. Ce n’est pas nouveau, mais à ce point-là, c’est étonnant. Selon le politologue de l’ULB, dimanche dernier, le siège d’un député fédéral du PTB valait – tenez-vous bien – quasiment 4 fois plus de voix que celui d’un élu MR. Et en Flandre, le siège d’un député écologiste de Groen valait en moyenne 18.000 voix de plus que celui d’un élu N-VA !
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Ce n’est pas possible ! Eh bien si ! Pour en arriver là, Pascal Delwit a fait un calcul tout bête : pour chaque parti, il a divisé le nombre de voix par le nombre de sièges obtenus. Ça s’appelle un ratio. Et à ce petit jeu, le MR est le grand gagnant, alors que le PTB est le grand perdant. Avec ses 650.000 voix, le MR a envoyé 20 députés au Parlement fédéral. Alors qu’avec leurs 251.000 voix, le PTB et le PVDA flamand n’ont obtenu que 2 sièges : 10 fois moins ! Un député PTB représente 125.645 voix, alors qu’un élu MR ne « vaut » que 32.515 voix. 3,86 fois moins exactement…
C’est là que vous vous dites : il y a un stûût, le vote électronique a tout foiré ! Non, il y a trois explications. D’abord, le seuil électoral : il faut obtenir 5 % des voix par circonscription pour entrer en compte dans la répartition des sièges. Or un parti qui est en-dessous de ce seuil dans une ou plusieurs circonscriptions y "perd" toutes ses voix. Ensuite il y a la « clé D’Hondt » : un mystérieux diviseur de voix qui avantage toujours le premier parti de la circonscription. Enfin, il y a le seuil d’éligibilité. Dans des régions peu peuplées comme au Luxembourg, peu de sièges sont à distribuer. Même s’ils dépassent le seuil électoral de 5 %, les petits partis n’obtiennent pas suffisamment de voix pour décrocher un siège. Et là aussi, les voix sont perdues… Résultat : les sièges du PTB ou du PP sont en moyenne beaucoup plus « chers » en voix que ceux du MR ou du PS.
Vous avez compris ? Non ? Ce n’est pas grave… Parce qu’il n’y a que deux deux choses à retenir. D’abord, notre système électoral est quand même très compliqué et très bizarre. Et puis surtout, moi je l’dis : « C’est todi les p’tits qu’on spotche » !