
Crise de l’énergie : le prix du gaz va-t-il repartir à la hausse ?

Jeudi, le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, évoluait à 30,25 euros le mégawattheure (MWh), peu après avoir touché les 29,85 euros le MWh, un prix plus vu depuis juin 2021. "Le niveau global de consommation de gaz naturel a continué à baisser" avec la montée des températures en Europe, explique dans une note Bjarne Schieldrop, analyste chez Seb. La demande de chauffage est le principal poste de consommation de gaz pour les particuliers.
La lecture de votre article continue ci-dessous
Des stocks avant l'hiver
Les niveaux de stockage sont également bien supérieurs à la moyenne en Europe, font valoir les analystes d'Energi Danmark. "Les stocks sont proches des niveaux records pour cette période de l'année", confirme M. Schieldrop, rappelant que la demande reste pour l'instant faible. L'Europe est ainsi en bonne voie pour reconstituer ses stocks avant l'hiver prochain."La crise énergétique européenne a effectivement été interrompue grâce à une adaptation exceptionnelle de l'UE à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie", affirme-t-il.
Le Vieux continent a fortement réduit sa dépendance au gaz russe. Selon les estimations des analsytes de DNB, la Russie fournissait environ 40% des importations de gaz européennes avant la guerre en Ukraine, contre moins de 10% actuellement.
L'Union européenne a lancé la semaine dernière son premier appel d'offres international pour des achats groupés de gaz, de façon à obtenir de meilleurs prix pour reconstituer les stocks avant l'hiver 2023-2024. Vingt-cinq fournisseurs ont déjà répondu à cet appel. Ces "achats groupés" européens doivent permettre d'éviter la situation de l'été 2022, où Etats et entreprises s'étaient précipités au même moment sur le marché du gaz pour constituer leurs stocks, alimentant la flambée des cours.
"Optimisme prudent"
Néanmoins, cela ne veut pas dire que les prix vont se maintenir à 30 euros par MWh jusqu’à la fin de l’année, précise La Libre. Selon l’AIE, plusieurs éléments pourraient faire pression sur le marché, à commencer par notre nouvelle dépendance au gaz naturel liquéfié. En 2022, la demande chinoise de GNL a connu une chute de l’ordre de 20%. Si le GNL disponible au niveau international venait à baisser, l’Europe pourrait rencontrer des difficultés à en importer.
La Russie pourrait également décidé d’encore diminuer ses exportations vers l’Europe. Enfin, notre consommation pourrait à nouveau augmenter en raison des sécheresses qui pourraient potentiellement diminuer la production d’électricité des centrales nucléaires et des installations hydroélectriques. Les températures de l’hiver prochain pourraient également faire augmenter la demande.
🡢 À lire aussi : Crise énergétique: les ménages continuent à modérer leur consommation de gaz et d'électricité
Pour l’AIE, il est donc préférable d’opter pour un « optimisme prudent » quant à la récente chute des prix du gaz. L’Agence internationale de l’énergie appelle les gouvernements européens à faire baisser leur demande en gaz de façon structurelle et de soutenir le déploiement des énergies renouvelables, de nombreux facteurs pouvant “facilement raviver les tensions sur le marché et la volatilité des prix ».
Depuis le début de l'année, le gaz naturel européen a chuté de plus de 60%, bien loin de son record historique atteint en mars 2022 à 345 euros le MWh, mais toujours à des niveaux élevés comparé aux années précédentes. En 2020, le gaz fluctuait autour des 15 euros le MWh.