
Couronnement de Charles III : 10 choses à savoir sur le roi d'Angleterre

Prince de Galles
Né le 14 novembre 1948, il a trois ans quand sa mère devient reine à la mort du roi George VI. En tant que fils aîné, Charles devient prince héritier. Il a quatre ans quand il assiste au couronnement de sa mère Elizabeth II, s'ennuyant ferme entre sa tante Margaret et sa grand-mère la reine mère.
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A neuf ans, sa mère le nomme Prince de Galles. Très jeune, cet enfant sensible et gauche est envoyé en pension. Il y souffre en silence, souvent malmené par d'autres élèves, notamment au pensionnat de Gordonstoun en Écosse, choisi par son père le Prince Philip pour endurcir ce fils timoré qu'il ne comprend pas.
Elizabeth II, devant laquelle il a appris très jeune à faire la révérence, est trop occupée par ses fonctions. "Elle était plus distante qu'indifférente", dira Charles d'une mère qui au retour d'un voyage officiel de six mois, alors qu'il a cinq ans, lui serre la main.
A vingt ans, il est intronisé Prince de Galles lors d'une cérémonie télévisée grandiose.
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Etudes à Cambridge
Il fait des études à Cambridge, y étudie l'anthropologie, l'archéologie et l'histoire, et dès 1970 s'inquiète de la pollution et des déchets plastiques, dans un discours précurseur de son intérêt constant pour l'avenir de la planète.
Durant cette période, il rencontre Camilla Shand à un match de polo. Issue de la grande bourgeoisie proche des cercles royaux, elle est décontractée, drôle, aime comme lui la nature. Une idylle s'ensuit, que l'engagement du prince dans la Royal Navy viendra briser quelques mois plus tard.
Camilla épouse une autre relation, l'officier Andrew Parker Bowles en 1973.
Diana
Charles épouse sans amour Diana Spencer en 1981. Elle a vingt ans, il en a 32.
Après la naissance de William, l'héritier, en 1982, et Harry, le suppléant, en 1984, son devoir accompli, Charles retrouve les bras de Camilla, qui divorce en 1995.
Après des années d'une guerre impitoyable dont les tabloïds britanniques se régalent, Charles et Diana divorcent en 1996. Un an plus tard, Diana meurt dans un accident de voiture à Paris.
La cote de popularité de Charles tombe au plus bas.
Prince activiste
Prince héritier, dont le rôle vague est de soutenir la Couronne, il se crée une vie. Il se passionne pour l'environnement, le développement durable, les médecines douces, la ruralité, les religions.
Il y gagne le surnom de prince activiste, et certains s'inquiètent d'un futur roi qui ne respecterait pas la stricte neutralité politique attendue du souverain.
Pendant des années, les crises médiatisées de sa vie privée éclipsent les actions de cet homme richissime à la voix feutrée, toujours impeccablement habillé.
Second mariage
En 2005, il se remarie avec Camilla, dans une cérémonie civile à la mairie de Windsor. La reine n'y vient pas, mais organise une réception pour les mariés.
Un père qui travaille énormément
Charles III, qui la remplaçait de plus en plus ces dernières années, a voyagé dans près de cent pays, rencontré beaucoup des grands de ce monde, serré des millions de mains.
Ses fils ont raconté un père travaillant énormément, s'endormant parfois le soir sur son bureau.
Sûr de lui, il n'aime guère être contredit. Il s'emporte vite, parfois contre un simple stylo qui fuit. Impatient, "il veut que les choses soient faites d'ici hier" a dit de lui Camilla, désormais reine consort. Mais elle a aussi raconté un grand-père qui lit Harry Potter à ses petits-enfants, en imitant les voix des personnages.
"C'est un homme chaleureux, très bon avec les gens" dit l'ancien ambassadeur britannique en France Peter Ricketts.
Comme sa mère décédée en septembre, il a promis de servir toute sa vie.
Entre tradition et modernité
Depuis, Charles III navigue prudemment entre tradition et modernisation d'une monarchie vivement critiquée ces derniers mois par son fils Harry, qui viendra cependant au couronnement, mais sans sa femme Meghan.
Le roi reste moins populaire que sa mère, ou que son fils William, et suscite peu d'enthousiasme chez les jeunes, selon les sondages.
"C'est difficile d'inspirer quand vous avez plus de 70 ans, et que vous avez été là depuis si longtemps, avec des hauts et des bas", estime le commentateur royal Richard Fitzwilliams.
Héritage
Après avoir touché l'héritage de sa mère Elizabeth II, évalué à 360 millions de livres, la fortune de Charles III s'élèvera à 600 millions de livres, estime le Times.
Le testament de la reine n'est pas public, ce qui est propre au souverain.
Le château de Balmoral, où la famille royale passe ses étés, et Sandringham, font partie des propriétés héritées par Charles, contrairement à Buckingham ou Windsor, demeures historiques de la famille royale, qui appartiennent à l'Etat.
Autre symbole historique de la monarchie britannique, les joyaux de la Couronne sont aussi propriété de la nation, et sont donc exclus des évaluations de la fortune royale, puisqu'ils représentent à eux seuls plusieurs milliards de livres.
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En revanche, l'Etat reverse au souverain une "sovereign grant": une dotation pour le souverain d'un quart des revenus générés par le "Crown Estate", vaste fonds composé d'actifs immobiliers comme de champs d'éoliennes en mer. Le reste revient au Trésor public.
La dotation royale a atteint 86,4 millions de livres pour 2021-2022.
Enfin, un troisième fonds vient compléter la fortune royale: le Duché de Lancaster, contrôlé par le souverain, et qui a rapporté à la reine 24 millions de livres en 2022.
Quand il s'agit d'évaluer le patrimoine total des fonds de la Couronne, "je ne pense pas que qui que ce soit sache ce que ça représente", reconnaît M. Kertesz.
Investissements
Selon un proche de la famille royale cité par le quotidien, l'ancien prince de Galles a mené une politique ambitieuse d'investissements pour renflouer ses coffres après avoir divorcé de Diana.
La séparation lui coûte 17 millions de livres en 1996, mais Charles ne repart pas de zéro et peut compter sur les ressources du Duché de Cornouailles, dont il a reçu les bénéfices de l'accession de sa mère au trône en 1952 au décès de cette dernière en 2022.
Ce patrimoine a été mis en place au XIVe siècle pour donner une indépendance financière à l'héritier royal. Concrètement, ce dernier ne possède pas les actifs de ce fonds, mais touche ses profits jusqu'à son accession au trône.
Pour Charles, le duché "rassemble tout ce qui le passionne", assurait sa femme Camilla, dans un documentaire de la chaîne ITV datant de 2019.
Le futur roi y fait le tour des fermes qu'il loue à des exploitants et les incite à utiliser des méthodes d'agriculture durables.
Outre 260 fermes, le duché possède 52.450 hectares de terres, et loue 345 millions de livres de propriétés commerciales.
Charles a même créé un village, Poundbury, en banlieue de Dorchester, où il applique ses préférences architecturales.
Sous sa houlette, la taille du duché a augmenté et dans son dernier rapport annuel, il compte plus d'un milliard de livres d'actifs, un record, pour des revenus reversés à l'héritier s'élevant à 23 millions de livres, soit une augmentation de plus de 40% en quinze ans.
Ce revenu est désormais versé à son héritier William, mais il a eu le temps de remplir le compte de Charles avant même son héritage royal.
En raison d'une tradition vieille de plusieurs siècles et confirmée dans les années 1990 pour éviter de dissoudre le patrimoine royal, "il ne va payer aucun impôt sur l'héritage", précise à l'AFP Geoff Kertesz, avocat londonien spécialiste du patrimoine.
1,8 milliard
Dans une série d'articles intitulé "Le coût de la couronne", le Guardian tente d'évaluer la fortune royale, faisant notamment le choix assumé d'inclure les biens du duché de Lancaster, légalement définis comme contrôlés par l'Etat mais dont l'entier bénéfice revient au souverain.
Le quotidien inclut aussi des véhicules de luxe, techniquement détenus par l'Etat mais utilisés par la famille royale.
S'ajoutent des oeuvres d'art, dont un tableau de Claude Monet, Le Bloc, acheté pour 2.000 livres par Elizabeth II dans l'Après-Guerre et désormais évalué à vingt millions de livres.
Résultat, la fortune de Charles serait alors de 1,8 milliard de livres.