Charles III, un couronnement raplapla ?

Royauté depuis 1.200 ans, l'Angleterre s'y connaît en couronnements. Le rituel, d'ailleurs, n'a pas beaucoup changé depuis Guillaume Conquérant. Il nous fait revenir au Moyen Age. La raison est simple - et étonnante: le couronnement britannique est, à ce jour, le seul sacre divin du monde chrétien… En somme, l'intronisation du roi d'Angleterre équivaut à l'intronisation du pape!

Pour autant, l'événement se veut aussi le reflet de la société britannique. Et là, c'est plus compliqué. Déjà parce que l'inflation est toujours à plus de 10%, que la crise n'en finit pas et que le Brexit n'a rien arrangé - bien au contraire. Ensuite, parce que le soutien de la population à la famille royale ne cesse de baisser. Ils étaient 80% en faveur de la couronne en 2012, ils sont 68% aujourd'hui. Les jeunes, surtout, ne se reconnaissent pas dans la couronne. Toutes ces raisons font que l'événement, financé par le contribuable britannique, il est bon de le préciser, sera, cette fois-ci, bien plus sobre. Question de savoir vivre et de bonne conduite envers son peuple.

Le faste du couronnement d'Elisabeth II

Il faut dire qu'à l'époque, on savait fêter la royauté. Celle-ci était, d'ailleurs, un ciment de la société bien plus solide qu'aujourd'hui. Il faut remonter à 1937 pour voir un roi d'Angleterre couronné. George VI prenait la place de son frère aîné, le très controversé Edward VIII qui avait abdiqué avant son couronnement pour épouser une Américaine divorcée - et proche de l'extrême droite qui était alors au pouvoir en Allemagne et en Espagne. Cinq mois après ce traumatisme, la Grande-Bretagne se réunifiait derrière le roi George, 41 ans, et la reine mère Elisabeth.

Le dernier couronnement était celui d'Elisabeth II qui était alors âgée de tout juste 27 ans. Elle représentait "les promesses de la jeunesse" et d'un monde nouveau qui tournait définitivement la page de la guerre. On mit les petits plats dans les grands. Pour donner un petit ordre d'idée, la cérémonie coûta vingt-cinq fois plus cher que l'inauguration du président Eisenhower aux Etats-Unis la même année, soit 1.570.000 livres sterling de l'époque - environ 53 millions d'euros actuels. Signe des temps nouveaux qui s'annonçaient, ce fut le premier événement à être diffusé en direct à la télévision à travers le monde.

Ce 6 mai, les Britanniques feront la fête. Mais le faste ne sera pas celui des grandes années de la monarchie. Il y aura moins d'invités que lors des derniers couronnements et même que lors des mariages de William et Kate et Charles et Diana. Signe que les temps sont durs: Elton John et les Spice Girls ont même refusé l'invitation! Tout fout le camp!