Des ex-détenus recrutés par Wagner sèment la terreur à leur retour du front ukrainien

Ceux qui survivent à la guerre ne sont pas remis en prison, mais sont libres de rentrer chez eux comme s’ils n’avaient jamais été condamnés.

Centre Wagner
Un homme au centre Wagner de Saint-Pétersbourg, le 4 novembre 2022 ©BelgaImage

En septembre dernier, une vidéo circulait sur les réseaux sociaux, montrant un homme – qui pourrait être le chef de la milice Wagner, Evgueni Prigojine – s’adresser à des prisonniers dans la cour d’une prison en Russie. Il leur présentait un plan pour éviter de purger leur peine entre les murs de l’établissement pénitentiaire : rejoindre les troupes russes pour se battre en Ukraine. “Seuls Dieu et Allah vous feront sortir de prison. Moi, je vous en fais sortir vivant”, résumait l’homme face aux détenus.

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Depuis le début de la guerre en Ukraine, des milliers de détenus ont été recrutés dans les prisons russes pour aller se battre, aux côtés des hommes d’Evgueni Prigojine notamment. En échange, ils bénéficient d’une grâce de six mois, d’une amnistie présidentielle ensuite, ainsi que d’un salaire ou parfois d’argent pour leur famille en cas de décès au front.

Parmi ces détenus envoyés sur le terrain aux côtés de l’armée russe, nombre d’entre eux ont été tués durant les combats. Mais il y a également des survivants. Que deviennent-ils lorsqu’ils rentrent du front ? Certains rentrent dans leur village d’origine comme si de rien n’était, alors qu’ils devraient encore se trouver en prison s’ils n’avaient pas pris part à la guerre. Et certains de ces criminels en liberté sèment la terreur à leur retour.

Des actes criminels et la clémence de la police

The Guardian et le Telegraph rapportent en effet l’histoire du meurtre d’un jeune homme à Tskhinvali (capitale de l’Ossétie du Sud), lundi dernier. L’habitant de 38 ans souffrant d’un retard mental, connu et apprécié de tout le village, a été poursuivi puis attaqué à coups de pied et poignardé à mort. Les autorités locales, sur base d’une vidéo de l’agression, ont arrêté un suspect : Georgiy Siukayev. Ce dernier a été recruté à l’automne dernier par Wagner pour aller combattre en Ukraine, puis a été libéré après ses six mois de service au sein de la milice.

Comme Georgiy Siukayev, d’autres ex-détenus ont semble-t-il récidivé à leur retour dans la civilisation. Dans le petit village de Novyj Burets, dans l’ouest de la Russie, la réapparition d’Ivan Rossomakhin, un criminel récidiviste notamment condamné pour meurtre, a fait couler beaucoup d’encre. Une réunion des habitants et de la police, filmée par les médias locaux, avait même mené à la décision de l’expulser de la ville, à la fin du mois de mars. Mais avant même que cette expulsion soit actée, Ivan Rossomakhin a tué une octogénaire du village à coups de hache…

Un autre ancien combattant de Wagner a lui-même témoigné, auprès de The Observer, de son comportement déviant à son retour du front. Mais il a surtout affirmé que les policiers de son village, même s’ils l’ont arrêté plusieurs fois depuis, l’ont toujours remis en liberté. “Ils m’ont traité un peu comme un héros”, a-t-il raconté, expliquant qu’il lui suffisait parfois juste de montrer les médailles obtenues au front et de raconter quelques anecdotes pour être relâché.

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