Emmanuel Macron a-t-il chanté dans Paris avec l'ultradroite après son allocution télé?

L'image a de quoi surprendre. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, on voit Emmanuel Macron entonner un chant traditionnel pyrénéen auprès de jeunes dans la rue. Hors contexte, cela pourrait paraître limite bon enfant. Le souci, c'est que la scène aurait eu lieu ce lundi soir, juste après que 15 millions de Français aient eu les yeux rivés sur son allocution télévisée, le pays traversant une grave crise politique liée à la réforme des retraites. De ce fait, voir le président pousser la chansonnette alors que la gronde fait rage, ça fait tache. Pour couronner le tout, les personnes qui chantent avec lui appartiennent à une association fondée par des membres de l'extrême-droite, Canto. La vidéo paraît tellement improbable que des médias français ont enquêté pour savoir si la vidéo était réelle ou pas.

Les proches d'Emmanuel Macron répondent à la presse

La vidéo a d'abord été publiée sur les réseaux sociaux par Canto, puis reprise par un journaliste du magazine d'extrême-droite Valeurs actuelles, Nicolas Boutin, qui assure avoir parlé avec les auteurs. Il précise ainsi que la scène a eu lieu "quelques minutes après l’allocution présidentielle" avec des choristes. Il s'avère que ces derniers appartiennent à un ensemble vocal interprétant des chants religieux et identitaires. Le lieu est bien identifiable grâce aux bâtiments visibles en arrière-plan. Il s'agit de la rue de Rennes, à Paris, à hauteur de la station de métro Saint-Placide.

Le journal Libération a contacté l'entourage du président qui confirme la véracité de cette vidéo. "Après son allocution, le Président de la République s’est accordé un moment avec son épouse. Alors qu’ils marchaient en fin de soirée dans Paris, ils ont été interpellés par un groupe de jeunes en train de chanter qui ont demandé au Président s’il pouvait les rejoindre. Il les a alors rejoints pour une chanson pyrénéenne qu’il affectionne et connaît", précise-t-il, tout en ajoutant qu'il ne connaissait pas "les antécédents de chaque personne avec laquelle il discutait".

Sans évoquer ou valider l'application Canto pour autant, comme le montre la vidéo complète que vous avez postée ⤵️ pic.twitter.com/SesAc8QuNS

— Guillain Gilliot (@GuillainGilliot) April 18, 2023

En somme, non, cette vidéo n'est pas un deepfake et est bien réelle. L'affaire ne ravira sûrement pas les attachés de communication de l'Élysée mais fait en tout cas l'affaire de Canto. Cet après-midi, l'association a émis un communiqué dans lequel elle dit "très heureuse que le Président de la République se soit servi de notre application" en lisant les paroles du chant pyrénéen sur un smartphone. La presse français note au passage que parmi la liste des chansons référencées par cette plateforme, on trouve des chants catholiques intégristes, d'autres interprétés sous le IIIe Reich ou sous le régime franquiste.