
«Une décision sans précédent»: un juge interdit la prescription de pilules abortives aux Etats-Unis, le ministère de la Justice va faire appel

Un juge fédéral américain a annoncé vendredi suspendre l'autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis de la mifépristone (RU 486), une des deux pilules utilisées pour les avortements, ce qui empêche en pratique sa prescription.
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Le magistrat a toutefois précisé qu'il donnait aux autorités fédérales une semaine pour éventuellement faire appel de cette décision, qui marque un nouveau succès des conservateurs pour restreindre l'accès à l'avortement aux Etats-Unis
Sur 67 pages, le magistrat Matthew Kacsmaryk, connu pour ses vues ultraconservatrices, valide la plupart des arguments figurant dans la plainte déposée en novembre par une coalition de médecins et d'organisations hostiles à l'avortement contre l'Agence américaine du médicament (FDA).
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Comme eux, il reprend des études sur les risques imputés à la pilule abortive, bien qu'ils soient jugés négligeables par la majorité de la communauté scientifique. Il accuse également la FDA de ne pas avoir respecté ses procédures afin de répondre à un objectif politique.
La première organisation américaine de planning familial a dénoncé vendredi la suspension "profondément préjudiciable" de l'autorisation de la mifépristone.
"La décision du juge texan bloquant l'approbation de la mifépristone par la FDA) est scandaleuse et révèle l'instrumentalisation de notre système judiciaire pour restreindre davantage l'avortement à l'échelle de tout le pays", s'est indignée dans un communiqué Alexis McGill Johnson, la présidente.
Il est probable que le gouvernement fédéral du président Joe Biden fasse rapidement appel de sa décision, qui sera alors examinée en urgence par une Cour d'appel située à la Nouvelle-Orléans, elle aussi connue pour son conservatisme. Le dossier devrait donc aboutir rapidement devant la Cour suprême des Etats-Unis.
Profondément remaniée par Donald Trump, elle avait accordé en juin une victoire historique aux opposants à l'avortement en supprimant le droit constitutionnel à interrompre sa grossesse, ce qui a rendu sa liberté à chaque Etat de légiférer en la matière. Depuis, une quinzaine ont interdit les IVG sur leur sol.
Le ministère de la Justice va faire appel
Le ministère américain de la Justice a annoncé vendredi qu'il allait faire appel de la suspension de l'autorisation de la mifépristone, une pilule utilisée pour les avortements médicamenteux, décidée par un juge fédéral conservateur. Le président américain Joe Biden a annoncé qu'il allait "combattre" la décision du juge fédéral ultraconservateur.
Le président Biden a qualifiant de tentative "sans précédent de priver les femmes de libertés fondamentales".
Le gouvernement "est en profond désaccord avec la décision", a expliqué le ministre de la Justice Merrick Garland dans un communiqué. "Il fera appel (...) et demandera un sursis en attendant", ajoute-t-il, en dénonçant cette décision qui "contrevient au jugement des experts de la FDA (Agence américaine des médicaments, ndlr), rendu il y a plus de 20 ans, selon lequel la mifépristone est sûre et efficace".
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La décision du juge texan est "sans précédent" et "menace les droits des femmes", a aussi fustigé vendredi la vice-présidente américaine Kamala Harris.
"La décision sans précédent d'aujourd'hui menace les droits des femmes dans le pays à prendre des décisions pour leur santé et leur capacité à avoir accès à des médicaments prescrits par leurs docteurs", a dénoncé Mme Harris dans un communiqué.
Une fois l'appel du gouvernement déposé, la décision sera examinée en urgence par une cour d'appel située à la Nouvelle-Orléans, elle aussi connue pour son conservatisme. Le dossier devrait donc aboutir rapidement devant la Cour suprême des Etats-Unis.