Le Pape François en doudoune, Macron en Gilet Jaune… comment détecter les images créées par l’intelligence artificielle ?

Midjourney, DALL-E… les photos créées par l’IA ont fait le tour d’internet. Voici quelques critères pour tenter de les repérer.

Capture écran Twitter

Macron assis sur un tas de détritus alors que Paris brûle en arrière-plan, Trump coursé par des agents du FBI, sa Sainteté le Pape François bien décidée à se recycler en égérie de la mode… Un coup d’œil (très) distrait aux images virales circulant sur les réseaux sociaux aurait-il pu vous convaincre que l’actualité partait vraiment en cacahuète ces derniers jours ?

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Sans doute pas, tant les situations dans lesquelles sont dépeints ces dirigeants paraissent peu crédibles. Si ces fakes ont surtout provoqué le rire et l’étonnement sur la toile, la popularisation et l’incessant perfectionnement de l’intelligence artificielle (IA) n’en restent pas moins aussi fascinants qu’inquiétants dans ce qu’ils présagent de la réception de l’information dans le futur. Pour autant, certains indices et/techniques peuvent parfois trahir une photo générée par l’IA.

Robots contre robots

Mayachitra, Illuminarty… Il existe plusieurs logiciels qui se targuent de pouvoir détecter les images produites par une autre IA. Selon les tests réalisés par l’AFP, leurs résultats restent encore souvent mitigés. «Quand une IA génère intégralement une image, elle ne prélève généralement pas des parties d’une seule et même photo. Des milliers voire des millions de photos sont utilisées pour prendre en compte des milliards de paramètres», explique à l’agence David Fischinger, ingénieur à l’institut technologique autrichien.

«L’IA (...) les déconstruit puis reconstruit une photo pixel par pixel», d’où l’impuissance des logiciels de détection habituels, complétait un spécialiste du secteur, Vincent Terrasi.

Comme le relevait la RTBF, une étude récente de l’université de Cornell aux États-Unis a montré que les logiciels de détection n’étaient pas infaillibles face à la génération de texte par l’IA. Concernant les images, il faut donc également rester prudent. Quant à savoir si l’IA sera plus performante pour détecter le travail… d’une autre IA, «ce sera toujours un jeu du chat et de la souris et une histoire de capacité de calcul, d’images, de données mises à disposition», expliquait Axel Legay au média francophone.

Remonter à la source

L’idée est ici de retracer la première fois qu'une photo a été diffusée en ligne, et dans quel contexte. Il n’est pas rare que des internautes expliquent être à l’origine de la fabrication d’une image, ainsi que l'outil qu'ils ont utilisés.

Pour cela, il suffit de procéder à une recherche d’image inversée, en insérant la photo dans un moteur de recherche comme TinEye ou Google Images. C’est par exemple cette recherche d’image qui a permis de retracer le parcours de la photo montrant «l’arrestation» de Donald Trump, jusqu’au tweet d’Eliot Higgins, fondateur du site d'investigation Bellingcat, publié le 20 mars 2023. Il y expliquait avoir créé cette série d’images à l’aide de Midjourney.

La recherche d’image est aussi utile en ce qu’elle fait émerger des clichés similaires, ce qui peut s’avérer précieux pour comparer une photo avec des clichés issus de sources fiables. La semaine dernière, dans le cadre de la rencontre entre Vladimir Poutine et Xi Jinping, une image non sourcée a circulé, montrant le président russe agenouillé devant le dirigeant chinois.

C’est en faisant une recherche d’image inversée que le journaliste italien David Puente a pu pointer que le décor sur cette photo n’était pas le même que celui apparaissant sur les autres images de médias couvrant l’événement.

Petits détails

Heureusement, l’IA se trahit encore (mais pour combien de temps encore ?) par certains petits détails. Pour une obscure raison, les robots persistent par exemple à penser qu’une main humaine comporte six doigts. Sur une photo prétendument prise lors d’une manifestation contre la réforme des retraites, le CRS enlaçant une manifestante a trois phalanges de trop. Ailleurs, ces souriantes jeunes femmes présentent des dentitions un peu trop fournies…

C’est souvent en arrière-plan que sont cachés les défauts. Comme sur les images de Barack Obama et Angela Merkel à la plage, où l’on peut constater que l’un des personnages du fond a les jambes coupées.

Variations de style, luminosité et signatures

Dans de nombreux cas, l’IA produit des images dont les différents composants arborent des styles un peu trop différents (que ce soit au niveau du réalisme, de la luminosité, des ombres…). Les contrastes de couleur sont souvent trop marqués avec des photos générées par l’IA. Pour vous entraîner à détecter les images produites par l'IA, le site wich face is real vous propose par exemple de jouer à devenir lequel des deux visages présentés existe réellement.

 

La tâche est parfois facilitée, puisque certains sites placent automatiquement une signature sur leurs créations. DALL-E génère une barre multicolore en bas à droite de toutes ses images, ; même chose pour Crayion, qui place au même endroit, un petit crayon de couleur rouge.

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