

C'est un portrait au vitriol signé Politico. Dans une enquête, le média politique (et souvent très critique) dénombre les vices du Président du Conseil européen et démontre en plusieurs points pourquoi il ne fait pas l'unanimité au sein de l'édifice européen. A un an des élections qui le verront quitter ses fonctions, Charles Michel serait d'ailleurs déjà tourné vers son avenir...
C'est une question qui taraude les officiels européens: comment Charles Michel a-t-il grimpé les échelons aussi vite ? Ce n'est un secret pour personne, l'homme est un ambitieux. Comme nous l'affirmait une personnalité de la société civile belge, « il tuerait père et mère pour grimper les échelons ». Pourtant, c'est bien grâce à papa que Charles Michel a monté ses premières marches en politique.
Conseiller provincial à 18 ans, ministre wallon à 24, Premier ministre à 38... Avec l'expérience, Charles Michel s'est néanmoins rapidement fait un prénom. Sans particulièrement convaincre les observateurs. Interrogé par Politico, le politologue Carl Devos de l'Université de Gand dit qu'il « n'a jamais été un Premier ministre très fort. Il avait toujours du mal à ce que ses partenaires de coalition soient sur la même page ». C'est pourtant ce poste qui le mènera à la présidence du Conseil européen.
Le rôle du président du Conseil ? Préparer les sommets des 27, les diriger et arriver à un compromis. Or, pour beaucoup, Charles Michel arrive au sommet... sans être préparé. « Au début de chaque sommet, il n'a souvent aucune idée de où il veut aller et cela se ressent dans les conclusions », dit un diplomate européen à Politico.
Un autre explique l'odyssée qu'a été l'accord sur le plan de relance post-Covid et la fameuse mutualisation des dettes : « On était souvent au bord d'un accord et soudain, il recommençait les discussions depuis le début ». Pour d'aucuns, on doit cet accord historique à Macron et Merkel.... malgré Charles Michel. Selon Politico, de nombreux chefs d'Etat se plaignent de ses méthodes de travail.
Le politologue belge Steven Van Hacker, de la KULeuven, voit en l'ancien Premier ministre l'exemple type du principe de Peter. Une théorie bien connue dans le monde des entreprises qui dit qu'on promeut les gens jusqu'à ce qu'ils arrivent à un poste où ils manquent de compétence. Dur...
Pour d'autres, Charles Michel serait, en réalité, plus intéressé par le deuxième volet de son rôle de président du Conseil, à savoir représenter l'Union à l'international. Le fils de Louis a augmenté les dépenses européennes dédiées aux voyages internationaux du président du Conseil, qui sont passés de 2 millions d'euros en 2004 à 2,5 millions d'euros aujourd'hui. Dans l'environnement de Michel, on justifie ces dépenses par la situation en Ukraine.
Il n'empêche, Charles Michel aime voyager. Surtout en vol privé – alors que la charte liée à la fonction prône les voyages en vols commerciaux. Pour Carl Devos de l'Université de Gand, « il s'occupait déjà plus de son profil international que des relations au sein de sa coalition quand il était Premier ministre - c'est d'ailleurs une des raisons de la chute de son gouvernement ». Beaucoup de personnes interrogées par Politico y voient une façon de se promouvoir pour préparer son avenir...
Et puis, il y a les bourdes. L'affaire du #sofagate quand il s'est affalé dans le fauteuil en face d'Erdogan à Istanbul, laissant la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen debout, comme pour mieux lui apporter le thé... Depuis, leur relation est glaciale et ils s'évitent autant que possible.
Bien sûr, l'architecture européenne à deux têtes fait qu'il y a toujours eu des petites tensions liées au pouvoir entre la Commission et le Conseil. Chaque président s'imaginant LE chef de l'Europe. Or, aucun des deux ne l'est. La Commission est le bras exécutif de l'Union contrebalancé par le Parlement, elle est la « garante des Traités » qui ont été signés par les Etats membres. Et le président du Conseil n'est que le représentant des 27. En somme, il y a 27 têtes en Europe. Il n'empêche que les relations entre ces deux pôles n'ont jamais été aussi glaciales.
Après le #sofagate, la visite surprise de Charles Michel à Kiev le 19 janvier, en solo, est aussi vue comme un coup dans le dos. Elle est intervenue un jour après l'annonce de la commission d'une visite officielle... Et pour d'aucuns, c'est encore une façon pour Michel d'attirer la lumière sur lui. En somme, il passe pour un joueur personnel plutôt que collectif. Mais n'est-ce pas ce qui lui a permis d'arriver là où il est aujourd'hui ?
Du côté du service communication de Charles Michel, on dénonce "un tissu de mensonges". Petit exemple, Politico écrit que le président du Conseil n'a pas répondu à leur demande d'entretien, en réalité, "il les a reçus pendant une heure". "Il y a plein de détails dans l'article qui sont erronés, notamment quand il est écrit que la première ministre danoise a critiqué Charles Michel lors du dernier sommet. Ce n'est absolument pas ce qui s'est passé". En somme, "c'est un portrait uniquement à charge. Politico a rencontré énormément de gens qui soutiennent Charles Michel, mais l'article en fait à peine mention. Il se concentre seulement sur ses détracteurs pour le salir gratuitement".