

Les électeurs monténégrins votent dimanche lors d'une présidentielle qui met aux prises Milo Djukanovic, vétéran de la scène politique du minuscule pays des Balkans, et des candidats qui espèrent faire bouger les lignes. En jeu: une bataille féroce entre pro-occidentaux et partisans de la minorité serbe, qui représente près de 30% de la population du pays.
Le scrutin se joue après des mois de blocage dans le pays riverain de l'Adriatique, connu pour ses paysages à couper le souffle. La position de président au Monténégro est plutôt protocolaire, mais cela n'enlève rien au fait que Djukanovic reste une figure importante. Il détermine la politique de l'ex-république yougoslave à divers postes depuis plus de 30 ans.
Sa position est encore plus importante aujourd'hui, le gouvernement pro-serbe ayant été renversé par une motion de censure en 2022. Le président a entre autres dissous le Parlement quelques jours avant le scrutin présidentiel et convoqué les élections législatives anticipées pour le 11 juin, après l'échec d'un ancien diplomate pro-serbe, Miodrag Lekic, de former un nouveau gouvernement.
Ancien proche de l'homme fort de Belgrade Slobodan Milosevic, Milo Djukanovic s'est rallié au camp occidental et a obtenu le divorce de son pays d'avec la Serbie en 2006. Mais son étoile a pâli lors des législatives de 2020 perdues par sa formation, le Parti démocratique des socialistes (DPS), après avoir mené bataille au nom de la souveraineté nationale contre la puissante Église orthodoxe serbe. Cette dernière avait alors pu se réjouir de voir une coalition de droite favorable à son égard, dénommée "Pour le futur du Monténégro", remporter les élections. Le chef de "Pour le futur du Monténégro", Zdravko Krivokapic (NDCG, droite modérée), était alors devenu Premier ministre avec le soutien d'une alliance russophile et partisane de l'unionisme serbo-monténégrin, le Front démocratique (DF).
Début 2022, le président du petit parti pro-européen URA, Dritan Abazović, a déposé une motion de censure conjointement avec le reste de l'opposition, dont le parti de Djukanovic, le DPS. Lâché par le DF, Krivokapic a dû se résigner à céder son poste à Abazović, qui a formé un gouvernement de transition avec le soutien du DPS. Depuis, aucun camp ne parvient à bâtir une majorité stable et le pays va de crise en crise.
Sept candidats sont aujourd'hui en lice à la présidentielle. Si aucun ne réussit à réunir plus de 50% des suffrages, soit le scénario le plus probable selon les analystes, un second tour aura lieu le 2 avril. Djukanovic devrait aisément accéder à ce deuxième round mais le nom de son adversaire reste débattu. Parmi ses concurrents, on trouve Andrija Mandic, 59 ans, du DF, et deux europhiles: Aleksa Becic, 35 ans, du parti des Démocrates (centre-droit), Jakov Milatovic, 37 ans, d'Europe maintenant, une formation qui semble avoir le vent en poupe.
Les résultats du premier tour sont attendus dans la soirée. Ils donneront le ton pour l'élection parlementaire qui aura lieu le 11 juin. Selon les derniers sondages, le DPS rassemblerait à cette occasion presque 30% des votes, devant le DF et Europe maintenant (tous deux à environ 17%) ainsi que les Démocrates de Becic (avec 13%).