

À en croire la réaction de Dmitri Medvedev, le Kremlin semble ne pas avoir très bien digéré la décision de la Cour pénale internationale (CPI) visant Vladimir Poutine. «La Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine. Pas besoin d’expliquer où ce papier doit être utilisé», a écrit sur Twitter celui qui fut à la tête de la Russie de 2008 à 2012, terminant son message par un émoticône de papier toilette.
The International Criminal Court has issued an arrest warrant against Vladimir Putin. No need to explain WHERE this paper should be used🧻.
— Dmitry Medvedev (@MedvedevRussiaE) March 17, 2023
Cette réaction était la première d’un haut responsable politique russe depuis l’annonce, vendredi, du mandat d’arrêt à l’encontre de Vladimir Poutine. Dans la foulée, la diplomatie russe a dénoncé vendredi les décisions "dénuées de sens" et "insignifiantes" de la Cour pénale internationale.
"Les décisions de la Cour pénale internationale sont dénuées de sens pour notre pays, y compris d'un point de vue juridique", a écrit sur Telegram la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova, sans faire référence nommément à Vladimir Poutine dans son message. "La Russie n'est pas partie prenante du statut de Rome de la Cour pénale internationale et n'a aucune obligation en vertu de celui-ci", a souligné Mme Zakharova, ajoutant que Moscou "ne coopère pas" avec la cour.
Elle a averti que "les (mandats) d'arrêt émanant de la Cour pénale internationale seront juridiquement insignifiants" pour la Russie. Le statut de Rome est le texte fondateur de la Cour pénale internationale, qui siège à La Haye aux Pays-Bas.
La Cour pénale internationale a été créée en 2002 pour juger les pires crimes commis dans le monde. Elle enquête depuis plus d’un an sur d’éventuels crimes de guerre ou contre l’humanité commis pendant l’invasion russe. Ni la Russie ni l’Ukraine ne sont membres de la CPI, mais Kiev a accepté la compétence de la cour sur son territoire et collabore avec le procureur chargé de l’enquête. La Russie a toujours rejeté les allégations de crimes de guerre.
Comme le pays n’est pas membre de la CPI, Poutine ne risque donc pas grand-chose, tant qu’il reste dans son pays. Et à moins d’un changement de régime et d’un virage à 360° des dirigeants du Kremlin, il est plus qu’improbable que le pays livre des suspects à la CPI. Par contre, si Poutine venait à se rendre dans un des 123 États (dont tous les pays européens) ayant ratifié le Statut de Rome et qui reconnaissent la compétence de la Cour, les autorités locales seraient tenues de l’arrêter.
"Aujourd'hui, 17 mars 2023, la Chambre préliminaire II de la Cour pénale internationale a émis des mandats d'arrêt contre deux personnes dans le cadre de la situation en Ukraine : M. Vladimir Vladimirovitch Poutine et Mme Maria Alekseyevna Lvova-Belova", commissaire présidentielle aux droits de l'enfant en Russie, a déclaré vendredi la CPI dans un communiqué.
Poutine "est présumé responsable du crime de guerre de déportation illégale de population(enfants) et de transfert illégal de population (enfants) des zones occupées d'Ukraine vers la Fédération de Russie", a ajouté la cour.