France : le Sénat vote le recul de 62 à 64 ans de l'âge de départ à la retraite

C'est la réforme de ce début de quinquennat en France. Le report de l'âge à la retraite vient de passer un cap important au sénat.

France : le Sénat vote le recul de 62 à 64 ans de l'âge de départ à la retraite
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Le Sénat français, dominé par la droite, a adopté mercredi soir, au terme d'une vive bataille de procédure avec la gauche, l'article clé du projet de réforme des retraites portant de 62 à 64 ans l'âge légal de départ en retraite en France.

Le vote a été acquis par 201 voix contre 115. "Votre nom restera à jamais attaché à une réforme qui fera revenir presque 40 en arrière", a lancé la socialiste Monique Lubin au ministre du Travail Olivier Dussopt. La communiste Eliane Assassi a dénoncé un débat "bâclé" et "l'objectif" de la majorité sénatoriale de "censurer l'opposition".

Un débat toujours aussi houleux 

"Vous êtes en train de vous mélenchoniser", a accusé le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, fustigeant une nouvelle fois "l'obstruction" de la gauche.   "Nous sauvons le régime par répartition", "nous choisissons la responsabilité", a affirmé le centriste Olivier Henno. Selon le projet du gouvernement, l'âge légal de départ en retraite doit être progressivement relevé de 62 à 64 ans, au rythme de trois mois par an à partir du 1er septembre 2023 jusqu'en 2030. En outre, pour obtenir une pension "à taux plein" (sans décote), la durée de cotisation requise passera de 42 ans actuellement (168 trimestres) à 43 ans (172 trimestres) d'ici 2027, au rythme d'un trimestre par an.

Silencieuse depuis le début de l'examen du texte, jeudi dernier, la majorité sénatoriale a sorti sur cet article depuis la nuit dernière l'artillerie lourde du règlement pour accélérer les débats face à "l'obstruction" de la gauche. Un nouveau recours mercredi à la "clôture des débats", prévue par l'article 38 du règlement, proposé par Bruno Retailleau sur un amendement socialiste en faveur des femmes a déclenché la colère de Laurence Rossignol. En cette journée des droits des femmes, "c'est pas nous que vous humiliez, c'est les femmes, toutes les femmes", a-t-elle lancé.

Des assouplissements adoptés

L'article 38 a ensuite été demandé à trois reprises par François Patriat (RDPI à majorité Renaissance) et Claude Malhuret (Indépendants). Cet article "clôt" la discussion sur un amendement ou un article. Le Sénat a aussi appliqué un article du règlement limitant le nombre d'explications de vote sur l'article. La gauche a contre-attaqué avec des demandes à répétition de scrutins publics sur les amendements.

La tension est nettement retombée en soirée, sous la présidence de Gérard Larcher. Et le Sénat a réussi à adopter, avec un avis favorable du gouvernement, des amendements consensuels sur le rachat de trimestres en faveur de l'apprentissage et des sportifs de haut niveau, un assouplissement des conditions de rachat à tarif réduit pour les anciens étudiants et périodes de stages en entreprise. Il a supprimé la règle interdisant aux enseignants du primaire de partir en retraite en cours d'année scolaire et voté une mesure en faveur des pompiers.

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