En Iran, plus de 800 jeunes filles empoisonnées en plein cours

Nouvelle méthode d'intimidation de la part des autorités pour mater les contestations? Il est en tout cas difficile de faire croire à une coïncidence alors que plus de 800 jeunes filles ont été empoisonnées sur les bancs de l'école en Iran.

En Iran, plus de 800 jeunes filles empoisonnées en plein cours
Des étudiantes iraniennes rejoignent la contestation. « Mort au dictateur ». Belga

Les autorités ont fini par reconnaître les faits. Plus de 800 jeunes filles ont été volontairement empoisonnées alors qu'elles étaient à l'école. Dans la ville religieuse de Qom, à Téhéran, Ispahan, aux quatre coins du pays. L'hécatombe a lieu depuis plusieurs mois. Une hécatombe qui vise spécifiquement des établissements pour jeunes filles. Lesquelles ont été intoxiquées par l'inhalation d'un gaz durant les cours.

On ne sait pas de quel gaz il s'agit, mais on connaît ses effets: évanouissements, maux de tête, nausées, vomissements... Après quoi, les collégiennes ou les lycéennes finissent systématiquement à l'hôpital. A Borujerd, un établissement a dû fermer ses portes après deux journées d'empoisonnement consécutives. Quand il a rouvert deux jours plus tard,  même scénario: 44 élèves ont de nouveau dû être prises en charge dans des centres de soin.

Il a fallu du temps pour que les autorités se bougent et prennent le phénomène au sérieux. Au début, le ministre de l'éducation parlait de "rumeurs", affirmant que les élèves conduites à l'hôpital souffraient "de maladies sous-jacentes". Il a fallu que les familles manifestent leur colère à Qom le 14 février, pour qu'une enquête soit enfin ouverte. Le gouvernement est à ce jour toujours à l'oeuvre pour trouver l'origine de l'empoisonnement. Pour l'instant, il est vaguement question de "composés chimiques disponibles" - qui ne sont donc pas militaires - mais personne n'a été arrêté.

Une méthode utilisée par les talibans

Ce qu'on peut dire, cependant, c'est que cette méthode des intoxications collectives a déjà été utilisée en 2015. Par les talibans, en Afghanistan. Comme ici, un gaz s'est propagé dans les salles de classe. Ou alors, dans certaines écoles, c'est l'eau du puits qui était empoisonné. En Iran, pourtant, les filles sont éduquées. Elles représentent même 55% des universitaires.

Mais il est vrai aussi que les extrémistes religieux préféreraient les voir rester à la maison, encore plus depuis le 16 septembre et la mort de Mahsa Amini, arrêtée par la police parce qu'elle ne portait pas correctement le hijab. Depuis, ce sont les femmes et les jeunes filles qui portent la contestation contre le port du voile et contre le régime des mollahs qui n'hésite pas à employer les grands moyens pour réprimer les contestataires. Pour d'aucuns, les extrémistes religieux veulent se substituer à la police des moeurs, dissoute en décembre, dans le but de sauver le régime et d'en finir une bonne  fois pour toute avec la contestation qui s'est emparée de tout le pays.

 

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