Interdire la pilule abortive, le nouveau cheval de bataille des anti-IVG aux USA

Le droit des femmes pourrait encore prochainement être revu aux USA. Un juge conservateur doit statuer sur la pilule abortive.

Interdire la pilule abortive, le nouveau cheval de bataille des anti-IVG aux USA
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Le 24 juillet 2022, lorsque la cour suprême des Etats-Unis sortait l'arrêt Roe v. Wade, il ne s'agissait en réalité que d'une première cartouche tirée dans le droit des femmes à disposer de leur corps. Depuis le retrait de la constitution du droit à l'avortement, les situations particulièrement difficiles se démultiplient. Mais elles pourraient encore se dégrader car non rassasiés de leur succès, les militants anti-IVG voudraient à présent se faire la peau à la pilule abortive.

Et pour y parvenir, le procédé est bien huilé. Une plainte a été déposée par une organisation anti avortement - Alliance for Hippocratic Médecine - devant une juridiction texane à la tête de laquelle se trouve le juge Matthew Kacsmaryk. Nommé par Donald Trump, ce magistrat est réputé pour ses positions ultra-conservatrices, se brandissant contre toutes les méthodes permettant de mettre une terme anticipé à une grossesse.

Un droit fondamental entre les mains d'un juge conservateur

C'est pourtant lui qui peut aujourd'hui décider d'interdire sur tout le territoire américain la mifépristone, nécessaire aux avortements médicamenteux. Lors de sa nomination, la sénatrice républicaine Susan Collins n'a pas mâché ses mots pour qualifier l'homme de loi regrettant ses « propos extrémistes » ainsi que son « incapacité à respecter la jurisprudence et à appliquer le droit avec équité et impartialité. »

Le juge Matthew Kacsmaryk va devoir statuer sur la reconnaissance en 2000 de la mifépristone par l'Agence américaine de l'alimentation et du médicament (FDA). En invalidant cette homologation, le juge interdirait indirectement la pilule abortive dont la substance est un composant essentiel. S'il devait se ranger derrière les plaignants, les conséquences seraient terribles. Aujourd'hui aux USA, plus d'un avortement sur deux se fait par l'ingestion d'une de ces pilules. Les défenseurs des droits des femmes s'inquiètent : « Ils ont trouvé en la personne de Kacsmaryk un juge coutumier des décisions fondées non sur le droit ou les faits mais sur l’idéologie. »

Quelle que soit la décision prise, un appel sera possible. Mais ce tribunal texan dépend directement de la cour d'appel fédérale pour la 5e circonscription où siègent 16 juges dont 12 sont républicains. Autant dire que les militants anti-avortements ont de grandes chances de voir leur coup réussir.

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