
Fabrice d’Almeida : « Le symbole ultime des riches, c'est le jet privé »

Qui est le premier riche de l’histoire de la richesse?
Lord Seymour. L’histoire des riches commence quand le monde est vraiment monde, quand les hommes peuvent circuler sur l’ensemble de la planète - plus ou moins en 1860. Héritier aristocrate, collectionneur d’art, premier organisateur de courses hippiques en France, Lord Seymour meurt au moment où va être signé un traité de libre-échange. À cette époque, les industriels - Schneider, Krupp - vont challenger le pouvoir économique et construire des fortunes colossales.
À côté, Crésus, c’est un crevard?
Non, quand même pas! Crésus, c’est l’une des premières fortunes de l’histoire, fortune romaine. Chez les Grecs, on a le roi Midas et la rivière du Pactole où il puisait de l’or. Avant, les souverains syro-babyloniens étaient extrêmement riches. Un roi comme Salomon représentait la quintessence de la richesse à son époque.
Aujourd’hui, quel est le symbole ultime de la richesse?
Pour moi, le symbole ultime des riches, de tout temps, c’est l’objet qui leur permet de voyager à toute vitesse. Donc aujourd’hui, c’est le jet privé.
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Combien comptez-vous d’ultra-riches sur terre aujourd’hui?
Il y a 2.500 personnes qui possèdent un avion privé et 7.500 qui en louent un, ça fait environ 10.000 personnes.
Ni vous ni moi ne figurons parmi ces 10.000 personnes…
Pas encore… (Rire.) Je ne désespère pas d’un miracle qui nous permettrait de jouir de ce statut enviable et détestable. Quand on est riche, pour certains, on est une cible… Si on vous kidnappait, on obtiendrait peut-être quelque chose. Pour d’autres, on est un porte-monnaie, il faut imaginer tous les candidats et toutes les candidates qui auraient envie de partager notre vie.
Le riche le plus excentrique?
C’est l’ex-épouse de Jeff Bezos, MacKenzie Scott, qui a décidé de claquer le maximum de sa fortune le plus rapidement possible. Ce qu’elle a gagné, elle le redistribue dans des causes.
Pourquoi Hitler ne payait-il pas d’impôts?
Parce qu’il négocie avec l’État allemand la non-perception d’indemnités de chancelier et en échange il demande une exemption fiscale, ce qui lui permet de ne pas payer d’impôts sur les droits d’auteur de Mein Kampf.
Pourquoi a-t-on inventé le carré VIP?
Parce que les riches vont en boîte de nuit pour être proches de tout le monde, mais ils ne veulent pas être à la même table que tout le monde. Dès les années 70, des clubs comme le Studio 54 à New York ou le Palace à Paris créent des espaces réservés. L’existence d’un carré VIP dans une boîte suppose qu’il y ait des VIP dans cette boîte, or soyons honnêtes, il y a énormément de boîtes qui ont un carré VIP mais qui ne voient jamais de VIP.
Dans les années 80, tout le monde voulait devenir riche…
C’est crucial de dire ça. Il y a une première mondialisation à la fin du XIXe siècle, mais il y en a une deuxième, celle des années 80, qui fait suite aux idéologies de Thatcher et Reagan qui font des riches les modèles à envier. C’est un moment charnière où les riches deviennent des people…
Connaissez-vous des Belges très riches?
(Rire.) Oui, j’en ai rencontré. Et il y en a qui m’ont fait me marrer…
Allez-y, balancez…
Non, je n’ai pas le droit.
Histoire mondiale des riches, Plon, 464 p.