Pourquoi la Chine espionne aussi les USA avec des ballons et pas uniquement des satellites

S'ils sont bien moins discrets que des satellites, les ballons peuvent s'avérer plus intéressants en certaines circonstances.

Ballon espion chinois
Un appareil suspecté d’être un ballon espion chinois, dans le ciel du Montana le 1er février 2023 ©BelgaImage

Depuis ce jeudi, le Pentagone est en alerte après qu'un ballon suspect ait été repéré dans le ciel des États-Unis et du Canada. Selon Washington, cet appareil perché à une haute altitude serait destiné à espionner son territoire au profit de la Chine. Après cette accusation, Pékin a affirmé que cet intriguant objet lui appartenait bien mais que sa trajectoire serait le résultat d'une dérive accidentelle et donc non voulue. Une thèse qui peine à convaincre aux States, étant donné que le ballon devait survoler des sites militaires réputés sensibles. Donald Trump a même appelé à le détruire, ignorant ainsi le veto du Pentagone à cette hypothèse, vu le risque de chute de débris sur des habitations. Le Secrétaire d'État a quant à lui reporté sa visite en Chine.

Reste que cette technique d'espionnage existe bel et bien. Mais pourquoi celle-ci est-elle toujours employée, alors que des satellites peuvent sembler bien plus efficaces pour surveiller les pays ennemis? En réalité, le ballon a ses avantages, et son utilité pourrait croître à l'avenir.

Satellites vs. ballons: des avantages et désavantages pour chacun

Ces appareils sont conçus pour se placer dans la stratosphère, entre 15 et 45 kilomètres d'altitude. Cela permet d'éviter les avions qui ne circulent pas au-dessus de 12.000 mètres. C'est haut, mais pas suffisamment pour passer inaperçu, d'où les images prises cette semaine. En cela, un satellite est bien plus discret. Mais ces objets spatiaux ont aussi leurs défauts. Comme le note le Guardian, construire un satellite et l'envoyer dans l'espace requiert beaucoup d'argent, d'infrastructures, de technique, etc.

En comparaison, un ballon ne coûte pas bien cher. Il est simple à lancer et à récupérer, mais ce n'est pas tout. Grâce à sa faible vitesse, il peut également passer plus de temps au-dessus d'une zone donnée. Il lui est ainsi possible de faire un repérage plus précis.

Cela fait beaucoup d'avantages mais selon les universitaires, s'il s'avère que la Chine voulait bel et bien espionner les USA, Pékin n'aurait pas été motivée par ces aspects. "Il est possible que le but soit d'être repéré", explique à la BBC Arthur Holland Michel du Carnegie Council for Ethics in International Affairs. "La Chine pourrait utiliser le ballon pour démontrer qu'elle dispose d'une capacité technologique sophistiquée pour pénétrer dans l'espace aérien américain sans risquer une grave escalade. À cet égard, un ballon est un choix assez idéal".

Le ballon, un appareil qui revient en grâce

L'intérêt réel de ce ballon serait donc plus d'ordre géopolitique que de pur espionnage. Il n'empêche, il n'est pas impossible qu'à l'avenir, ce type de dispositif soit de plus en plus utilisé. Cette technique d'espionnage militaire est pourtant assez ancienne. La première fois qu'on la voie apparaître dans les livres d'histoire, c'est à l'occasion de la bataille de Fleurus en 1794 (oui, en effet, en Belgique !). Avec l'arrivée des satellites, cet appareil est quelque peu tombé en désuétude.

Mais aujourd'hui, les cartes sont rebattues. Non seulement les satellites pâtissent de nombreux désavantages mais en plus, le domaine spatial terrestre commence à être surchargé. Le risque de collision entre appareils, voire avec des débris, est de plus en plus élevé. Il est également possible que dans un futur plus ou moins lointain, les satellites deviennent des cibles militaires pouvant être volontairement détruites.

"L'espace étant désormais si encombré et contesté et désormais si vulnérable, ce domaine sous-spatial, le domaine atmosphérique supérieur, a développé une toute nouvelle utilité et importance pour la surveillance et l'espionnage internationaux que nous pensions dépassées et qui sont évidemment de retour au centre de la scène", conclut John Blaxland, professeur d'études sur la sécurité internationale et le renseignement à l'Université nationale australienne.

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