Qui est le nouveau président tchèque Petr Pavel et quelle politique veut-il mener?

Militaire diplômé de relations internationales, le nouveau président tchèque Petr Pavel promet d'être très différent de son prédécesseur à Prague.

Petr Pavel
Le nouveau président tchèque Petr Pavel, le 28 janvier 2023 à son quartier de campagne lors du second tour des élections présidentielles, à Prague ©BelgaImage

Le général de l'Otan à la retraite Petr Pavel, qui a remporté samedi l'élection présidentielle en République tchèque, est un héros de guerre, ex-haut responsable au sein de l'Otan.

Charismatique et indépendant des partis

Fidèle à son passé militaire, cet homme de 61 ans s'est engagé à «rétablir l'ordre» dans son pays, membre de l'UE et de l'Otan, fort de 10,5 millions d'habitants. «Je ne peux pas ignorer que les gens ressentent de plus en plus le chaos, le désordre et l'incertitude, que l'État a en quelque sorte cessé de fonctionner», a déclaré M. Pavel sur son site de campagne. «Nous devons changer cela. Nous devons respecter les règles valables pour tout le monde. Nous avons besoin d'un balayage général», a-t-il insisté.

L'ex-général a promis d'être un président indépendant, non influencé par la politique des partis, de continuer à soutenir l'aide à l'Ukraine déchirée par la guerre, et d'appuyer la candidature de Kiev pour devenir membre de l'UE. Petr Pavel, barbe blanche soigneusement taillée et cheveux blancs, a rarement souri pendant la campagne, qui fut acrimonieuse et marquée par la controverse, y compris sur l'Ukraine. «Son avantage indiscutable est qu'il a l'air très charismatique, une belle prestance, même quand il se contente de rester debout et de ne rien dire», commente auprès de l'AFP l'analyste politique indépendant Jan Kubacek.


Interrogé par la radio tchèque iROZHLAS au cours de la campagne présidentielle, Petr Pavel s'est présenté comme un soutien inconditionnel de l'Ukraine face à la Russie et s'est montré inquiet face à la Chine qui pourrait «représenter une éventuelle menace pour la sécurité à l'avenir». Sur le plan de la politique intérieure, Petr Pavel a tenu une position très critique de son prédécesseur, Miloš Zeman, un populiste conservateur assez proche de Moscou. «Il est assez difficile de trouver une chose qu'il aurait réussi», a-t-il déclaré. En outre, Petr Pavel s'est dit favorable au mariage pour les couples du même sexe et s'est montré prudent sur la question des grâces présidentielles, ces dernières ne devant selon lui pas servir d'«outil qui mettrait le président au-dessus des tribunaux».

Un militaire pro-occidental

Né le 1er novembre 1961, Petr Pavel a fréquenté un lycée militaire puis une université militaire.  Il a rejoint le Parti communiste - une décision que ses adversaires lui reprochent toujours - et a commencé une ascension rapide dans les rangs de l'armée. On lui reproche aussi d'avoir voulu devenir agent du renseignement militaire. «Je suis né dans une famille où l'adhésion au parti (communiste, ndlr) était considérée comme normale», a expliqué M. Pavel sur son site. «Je n'avais ni assez d'informations ni assez d'expérience pour évaluer la nature criminelle du régime. Maintenant, je sais que c'était une erreur», a-t-il poursuivi.

Lorsque le communisme est tombé en 1989, M. Pavel a quitté le parti mais a poursuivi sa formation en renseignement. «Pendant 33 ans, j'ai participé à la démocratisation de notre pays et milité pour un tournant pro-occidental», s'est encore défendu Petr Pavel. «Je crois que mes actes montrent clairement quelles valeurs je défends et que je suis prêt à me battre pour les préserver», a-t-il encore martelé. Parachutiste d'élite, Petr Pavel s'est fait connaître pour avoir libéré des troupes françaises assiégées par les Serbes lors de la guerre de Bosnie en 1993.

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Après l'adhésion de la République tchèque à l'Otan en 1999, M. Pavel a passé trois ans au commandement régional de l'Alliance aux Pays-Bas. Il a ensuite obtenu une maîtrise en relations internationales au King's College de Londres avant de devenir chef d'état-major de l'armée tchèque. En 2015, celui qui est marié à une militaire a été nommé chef du Commandement militaire de l'Otan. Il a pris sa retraite de l'armée trois ans plus tard.

Lorsque la pandémie de Covid-19 a frappé, M. Pavel a fondé l'initiative «Stronger Together» («Plus forts ensemble») pour gérer diverses crises et aider les personnes dans le besoin. La campagne entre les deux tours a été âpre, avec une vague de désinformation ayant largement pris pour cible M. Pavel, et des menaces de mort ayant visé son rival, l'ancien Premier ministre Andrej Babis, et sa famille.

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