

De 1965 à 1985, les Philippines ont été dirigées d’une main de fer par Ferdinand Marcos. En 1972, il déclare la loi martiale, instaure un régime dictatorial et fait tuer des dizaines de milliers d’opposants, alors que son fils étudie en Angleterre.
Au pouvoir, la famille s’enrichit. Notamment Imelda Marcos, une première dame aux pratiques de pop star autocrate. Sa collection d’environ 3.000 paires de chaussures, ses fêtes extravagantes et ses dépenses somptuaires symbolisent les dérives du régime.
Dans les années 80, le pouvoir des Marcos s’effrite, érodé par les conséquences de la crise économique. Alors que le fils est gouverneur d’une province du nord du pays - le bastion de la famille -, une révolution éclate à Manille en 1986. Les Marcos fuient à Hawaï, où le père meurt en 1989.
Après le décès du paternel, Bongbong et sa mère sont autorisés à revenir aux Philippines. Sans tarder, ils réinvestissent la politique. Tous les deux se font élire députés.
Les Marcos doivent cependant restituer les milliards de dollars issus de la corruption. Seule une partie a été reversée et leur retour dans l’arène politique a provoqué l’abandon des poursuites.
En 2016, Bongbong veut viser plus haut: la vice-présidence du pays. La course est très disputée et il obtient 34,47 % contre 35,11 % pour son opposante libérale, Leni Robredo. Il conteste les résultats mais ne fait qu’accroître un peu l’écart (de quelques 15.000 voix).
En 2022, il vise la présidence et use des réseaux sociaux pour redorer l’image de sa famille à coups de fake news. À l’en croire, la fortune des Marcos n’a rien à voir avec la corruption, les Philippines étaient prospères grâce à eux et leur régime était bienveillant. La moitié de la population n’ayant jamais connu cette époque, la stratégie marche à merveille.
Pour affermir sa position, Bongbong s’allie au président philippin en place, l’autoritaire Rodrigo Duterte. Les Marcos viennent du Nord, les Duterte du Sud. Le duo parfait dans ce pays où politique et clans familiaux se confondent. Bongbong sera président tandis que la fille de Duterte, Sara, sera vice- présidente.
La victoire du rouleau compresseur Marcos ne faisait guère de doute. Avec 59 % des voix, il a eu sa vengeance face à Leni Robredo qui n’a en eu que 27,94 % et ne l’a emporté que dans le centre du pays. Sara Duterte est élue avec 61,27 % des votes.
Sans programme électoral, Bongbong assure s’inscrire dans la continuité de Rodrigo Duterte. L’opposition redoute qu’une fois investi, il ne révise la Constitution et s’attaque à la Commission sur la bonne gouvernance. Au mépris des droits humains et de la démocratie philippine.