
Après 510 jours d'isolement volontaire dans une grotte, une Espagnole sort et se confie sur son expérience

Depuis un an et demi, elle est totalement seule, 70 mètres sous terre et dans l'obscurité. Mais ce 14 avril, Beatriz Flamini, 50 ans, a mis fin à son isolement. En compagnie de spéléologues, elle est sortie de la grotte située à Los Gauchos, près de Motril, où elle résidait depuis le 21 novembre 2021. Aveuglée par la lumière naturelle, elle a pu être enlacée par ses proches. Que l'on ne s'y trompe pas: Beatriz Flamini n'a rien d'une bouddhiste en quête de zenitude ou d'une moniale destinée à se retirer du monde. Son objectif avait en réalité une perspective scientifique et son expérience pourrait nous en apprendre beaucoup sur l'impact physique et mental d'un tel isolement.
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Un milieu "très hostile à l'être humain"
Pendant 509 jours, l'Espagnole a dû se plier à un quotidien qui n'était pas des plus enviables. Elle devait témoigner de son expérience en vidéo, des scientifiques suivant tout son parcours grâce à deux caméras, mais elle ne pouvait avoir ni téléphone, ni montre, ni quoi que ce soit qui aurait pu lui indiquer le passage du temps. Il fallait absolument qu'elle perde tous ses repères, autant sur le plan social que temporel. Elle n'avait pour ainsi dire que des livres pour se divertir sous une lumière artificielle. Quant à la nourriture, elle était acheminée par une équipe qui laissait les plats du jour dans un coin de la grotte, sans entrer en contact avec l'athlète.
Athlète de haut niveau espagnole, Beatriz Flamini retrouve enfin l'air libre après avoir passé 500 jours volontairement isolée dans une grotte. pic.twitter.com/gs5trcLOFS
— L'Observateur du Maroc et d'Afrique (@LObsMarAf) April 14, 2023
"Des défis de ce genre, il y en a eu beaucoup, mais aucun avec toutes les caractéristiques de celui-ci: seule et dans un isolement total, sans contact avec l'extérieur, sans lumière (naturelle), sans référence au temps", a déclaré David Reyes, membre de la Fédération andalouse de spéléologie qui était en l'occurrence chargée de la sécurité de Beatriz Flamini. "Ce n’est pas que le temps passe plus vite ou plus lentement ici, c’est simplement qu’il ne s’écoule pas, parce qu’on dirait qu’il est toujours quatre heures du matin", a témoigné l'Espagnole en racontant son expérience. Elle a tenté de compter le nombre de jours qui s'écoulaient, mais elle a fini par abandonner après 65 jours. En sortant, elle estimait le temps passé dans la grotte à "160 ou 170 jours".
"La grotte est un espace souterrain généralement assez sûr mais ils sont très hostiles à l'être humain et surtout au cerveau car vous ne voyez pas la lumière du jour. Vous ne savez pas comment le temps passe, vous n'avez pas de références, vous n'avez pas de stimuli sonores. C'est toujours le même silence ou le même ruissellement", dit-elle aux agences de presse AFP et Reuters présentes lors de sa sortie de la grotte.
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Une fois revenue à la surface, Beatriz Flamini a affirmé qu'elle se sentait à l'aise, même si elle avait parfois du mal à trouver les mots pour s'exprimer lors de la conférence de presse. Elle n'a pas fait été de surprises particulières au cours de l'expérience, si ce n'est les "mouches" qui sont "devenues très ennuyeuses" à certains moments. Elle n'aurait eu que quelques "cris" de désespoir, comme lorsqu'elle a perdu un objet à travers les trous de la grotte.
Les scientifiques vont maintenant étudier en détail l'impact psychologique de cette expérience, notamment les conséquences au niveau du sommeil. Flamini se sent aujourd'hui d'attaque pour se lancer dans un nouveau défi personnel qu'elle aurait déjà planifié.