Réduire sa peine de prison contre un don d'organe ? Le projet de loi surréaliste au Massachusetts

Les questions éthiques sont toujours délicates. Mélangez les à des questions philosophiques et vous aurez un cocktail détonnant.

Réduire sa peine de prison contre un don d'organe ? Le projet de loi surréaliste au Massachusetts
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Récompenser un don d'organe par une réduction de peine. C'est le projet de loi controversé déposé par deux élus démocrates de l'Etat du Massachusetts devant la Chambre des représentants de Boston. Le texte prévoit de revoir la peine de 60 à 365 jours pour des dons de moelle ou d'organes. Pour l'un des deux instigateurs, cela rendrait « l’autonomie corporelle aux personnes incarcérées en leur donnant la possibilité de faire don de leurs organes et de leur moelle osseuse. »

Cette proposition n'a pas encore été adoptée. Mais il prévoit déjà la mise sur pied d'un comité de cinq personnes afin d'élaborer la mise sur pied de ce programme. Il aurait la charge d'évaluer les conséquences d'une telle mesure sur les vies sauvées et sur l'impact sur les structures carcérales. Il devrait également objectiver des éléments difficilement objectivable. Combien vaut un rein ? 3, 6, 12 mois de prison ?

De nombreuses questions 

Si les débats s'annoncent animés, il met en exergue une réalité américaine : au-delà de quelques exceptions bien spécifiques à certains états, aucun détenu ne peut faire don d'une partie de son corps. C'est ainsi que dans le Massachusetts par exemple, on arrive à des situations ubuesques où des détenus ne peuvent sauver leur proche en nécessité d'un don. Si la proposition de loi veut rétablir une forme d'égalité à ce niveau, elle veut également permettre de réduire la pénurie qui frappe les dons d'organe aux USA. 104.000 Américains sont aujourd'hui sur une liste d'attente.

Problème : la loi interdit une quelconque rémunération pour un don d'organe. C'est ainsi que des voix s'élèvent. Certains tancent déjà l'idée même de ce projet qui va « inciter à la vente de parties de votre corps en échange du bien le plus précieux au monde – qui est le temps passé sur cette Terre et votre liberté – est tout simplement effroyable. » Ce sont les propos de Michael Cox, directeur exécutif de l'organisation d'abolition des prisons Black & Pink Massachusetts, repris dans les colonnes du Boston.

Autre questionnement : un détenu va-t-il être incité à donner l'ensemble de ses données médicales s'il sait que le don peut lui permettre de réduire sa peine ? Toutes ces questions devront trouver des réponses avant que les élus se prononcent définitivement sur ce projet.

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