
Que penser de l'éducation positive?

Faut-il envoyer son enfant dans sa chambre pour le punir ? Psychologues et familles se divisent sur la question de l’éducation positive. Selon le professeur de Philosophie de l’éducation Eirick Prairat (Université de Lorraine), l’éducation sans contrainte et sans sanction est un idéal « qui pourrait recouvrir de douces et dangereuses illusions ».
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« Nul ne contestera qu’il fallait débarrasser le processus éducatif de toute violence physique et psychologique […] Cependant, bannir toute forme de violence ne revient pas à condamner l’autorité. La contrainte a ses vertus, la sanction aussi », affirme-t-il dans The Conversation.
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Pour appuyer ces propos, le philosophe cite l’exemple de l’école sans contrainte et sans sanction, qui a existé à Hambourg dans les années 20. Les professeurs de Hambourg pensaient que seule la liberté, entendue comme absence de contrainte, pouvait être bénéfique à l’éducation d’un enfant. Cette expérience fut un véritable échec. Les écoles qui prétendent se passer de toute sanction, seraient des écoles qui « ont accueilli des effectifs restreints, voire choisis, contrevenant ainsi au principe d’hospitalité » : « Ce sont aussi des écoles qui ont caché leurs pratiques punitives sous de prétendues sanctions « naturelles » », ajoute le professeur.
Pour le philosophe, il faudrait arrêter de penser la sanction comme une peine : « La sanction n’est pas là pour faire mal mais pour faire sens. Elle peut aussi, dans certaines circonstances, prendre une forme restaurative. ‘Tu as sali ce mur, tu vas maintenant le laver’. Réparer, c’est certes réparer quelque chose, c’est aussi et surtout réparer à quelqu’un ».
Selon Eirick Prairat, un enfant a besoin d’être « guidé et parfois contraint » : « Le travail éducatif appelle surtout à encourager, soutenir, valoriser, mais il ne peut se passer d’interdiction », dit-il. La contrainte (sans violence bien sûr) aurait donc toute sa place dans le procès éducatif : « Elle apparaît de manière immédiate comme négative, mais elle enferme une positivité car elle est invitation à devenir autre ».