Les effets potentiellement dévastateurs des lancements de fusées sur la faune

Des chercheurs s'inquiètent de la multiplication des lancements de fusées vu les conséquences de la pollution émise, notamment sonore, sur la biodiversité.

Fusée de la mission Artemis I lancée depuis Cap Canaveral, en Floride, le 16 novembre 2022 ©BelgaImage

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. En 2022, près de 180 fusées ont été lancées dans le monde. En 2030, une seule base spatiale comme celle de Vandenberg, en Californie, pourrait en mener entre 50 et 100 par an. Une augmentation qui reflète la nouvelle course à l'espace, avec des sociétés comme SpaceX à la manœuvre.

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Problème: l'impact sur l'environnement est loin d'être négligeable. Certains lancements se passent très mal, comme lors de l'explosion de Starship le 20 avril dernier qui a causé un incendie dans un parc naturel. Mais au-delà de ces incidents, le simple fait d'envoyer des fusées serait néfaste pour la faune. C'est ce que tendent à affirmer deux scientifiques interrogés par la revue Nature. Selon eux, ces opérations sont si bruyantes que les dommages sur la biodiversité environnante pourraient être catastrophiques.

Le seuil de la douleur sonore pulvérisé

Pour estimer cet impact, le bruit produit par un lancement de fusée a été mesuré par l'un des deux chercheurs, l'acousticien physique Kent Gee de l'Université Brigham Young de Provo, dans l'Utah. L'an dernier, il s'est ainsi rendu à proximité du Kennedy Space Center en Floride, lors du décollage de la mission Artemis I. Résultat: bien qu'il était situé à plusieurs kilomètres du site, le compteur affichait entre 127 et 136 décibels. Pour rappel, le seuil de la douleur est établi à 95-100 décibels, et ce pour les humains.

Face à de tels niveaux, les chercheurs estiment qu'il est légitime de se demander comment réagiraient les animaux à ces niveaux sonores très élevés. "Vous pouvez le sentir dans votre poitrine. C'est comme être dans un véhicule qui a de très gros haut-parleurs, et vous pouvez juste sentir les vibrations traverser votre corps", explique l'un des deux scientifiques, Lucas Hall, écologiste de la faune à la California State University. à Bakerfield. "Si cela se produit chaque semaine, tous les quelques jours, quelles conséquences cela aura-t-il? Pour l'instant, cela n'a pas encore été étudié" avec exactitude, même si les animaux apparaissent déjà plus stressés, avec des changements comportementaux déjà bien visibles.

Plusieurs espèces en danger exposées

Leurs préoccupations sont d'autant plus grandes qu'à proximité de certains sites de décollage, des réserves naturelles abritent parfois des espèces en voie de disparition. C'est le cas à Boca Chica, où l'on trouve des oiseaux et des tortues en danger. À Vandenberg, les environs abritent des oiseaux, poissons et amphibiens également présents sur la liste rouge de l'UICN. Problème supplémentaire: la température augmente jusqu'à 100 degrés dans un rayon d'un kilomètre autour du site de lancement.

Hall et Gee vont maintenant mener leurs observations qui devraient s'étaler sur plusieurs années, voire pendant une décennie. Avec l'aide de caméras, ils vont voir comment les animaux réagissent aux départs de fusées (abandon de nids par des oiseaux, perturbations dans les cycles d'accouplement ou dans la recherche de nourriture, etc.). Ils vont également étudier l'impact qu'auraient des dispositifs de réduction du bruit, comme l'utilisation de grandes quantités d'eau sur la rampe de lancement.

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