10 lieux abîmés par les influenceurs et le tourisme de masse

Face à la course à la photo parfaite, des lieux sur-fréquentés n’hésitent plus à prendre des décisions parfois radicales.

Le village de Hallstatt @BELGAIMAGE

Plages idylliques et désertes, sommets à la blancheur immaculée, maisons colorées à la Wes Anderson… Tapez le #travel sur Instagram, vous tomberez sur quelque 680 millions de résultats. Et sous vos yeux ébahis défileront des clichés tous plus magiques les uns que les autres. Avec, bien souvent, l’impression que les instagrammeurs qui les postent sont seuls au monde, et qu’ils partagent rien que pour vous le secret bien gardé de leur petit coin de paradis.

Conscients du pouvoir d’attraction des réseaux sociaux (et plus particulièrement d’Instagram), les offices de tourisme et les autres opérateurs du secteur exploitent le bon filon et font eux aussi leur promo sur des comptes dédiés, toujours avec des mises en scène de rêve.

Avec cette conséquence qu’une simple photo peut déclencher la venue de centaines de milliers de personnes, dans des lieux qui parfois étaient déjà frappés par un tourisme de masse.

S’en suit un catalogue interminable de photos qui, par mimétisme, conduisent souvent à un manque d’originalité (qu’a épinglé pour notre plus grand plaisir le compte @instarepeat, où l’on peut admirer les mosaïques de mises en scène que les touristes répètent à l’infini).

 

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En plus de frayer avec le ridicule, ce tourisme 2.0 menace de plus en plus les sites naturels les plus «instagrammables» ou agace (pour ne pas écrire plus) les riverains des lieux les plus prisés.

Fini les selfies pour la Reine des Neiges à Hallstatt

Irritée, excédée, la commune qui a inspiré le royaume de La Reine des Neiges a choisi d’ériger une barrière anti-touriste pour limiter les selfies devant la beauté de son paysage. Avec ses maisons traditionnelles plongeant à flanc de falaise sur un lac aux eaux pures, le village de Hallstatt attire en effet des cargaisons de voyageurs.

La barrière a été érigée dans l’espoir que les touristes n’affluent plus vers l’un des enumndroits les plus populaires pour prendre des selfies, ce qui générait notamment des nuisances sonores. La durée de son installation dépendra de la réaction que suscitera cette décision, a expliqué la commune.

Ponton payant à Iseltwald

Le très joli village de Iseltwald est logé au bord du lac Brienz (Suisse), où il forme une presqu'île. Plusieurs scènes de la série Netflix Crash Landing On You (2019) s’y déroulent. Depuis, l’affluence de touristes, notamment asiatiques, a redoublé.

Pour accéder au ponton offrant une vue unique sur le lac, il faut désormais passer un tourniquet et s’acquitter d’un droit de passage de 5 francs suisses (un peu plus de 5,1 euros).

 

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Bogles Seeds

Cette ferme de tournesols a fait l’expérience de ce que pouvait causer la ruée vers LA photo «Insta». En 2018, les propriétaires de la ferme située à Bogles Seeds (Etats-Unis avaient décidé de laisser les touristes visiter leurs magnifiques champs de tournesol et y prendre des photos en échange de quelques dollars.

Résultat : des champs pollués par une horde de touristes avides de selfie, et des routes bloquées aux abords de la ferme. Celle-ci a ensuite été fermée au public.

Portofino, le village où on ne plus s’arrêter de marcher

Submergé par les touristes, ce charmant village de Ligurie (Italie) a décidé de prendre une mesure inédite : interdiction de s’arrêter de marcher ou de se rassembler ! Avec des zones rouges et oranges, les véhicules ne peuvent plus non plus stationner et s'arrêter. Seul moyen de déplacement, la marche active.

Dans le village, l’affluence en journée était telle qu’il devenait impossible pour la police ou les ambulances de circuler et de faire leur travail correctement.

Vers une taxe touristique à Bali ?

Selon l'un des médias les plus populaires de l'île indonésienne, la mise en place d’une taxe appliquée aux touristes étrangers serait étudiée par les autorités. Et ce, afin de canaliser le tourisme de masse mais aussi de conserver le patrimoine d’une l'île recensant plus de quatre millions d’habitants.

Machu Picchu

Classé patrimoine mondial de l’humanité, le site est désormais menacé d’érosion. Pour le préserver, un nombre de visiteurs quotidiens maximum a été décidé ; la réservation d'un créneau horaire est devenue obligatoire ; la visite, limitée à quatre heures, doit se faire avec un guide agréé.

 

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Îles de Port-Cros

Les îles du parc national de Port-Cros (Var, France) ont également instauré des quotas de visiteurs journaliers. Seuls 6 000 visiteurs par jour sont autorisés, notamment sur l’île de Porquerolles, pendant la haute saison estivale.

L’île de Porquerolles souffre notamment de manque d’eau, celle-ci devant être acheminée chaque saison à l’aide de bateau-citerne.

 

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May Bay

Popularisée par le film The Beach (avec Léonardo DiCaprio), cette plage de l’archipel de Koh Phi Phi était fréquentée par 6 000 visiteurs chaque jour avant la crise sanitaire. Elle était victime de nombreuses pollutions (déchets à l’abandon dans le sable, carburant des bateaux).

Pour protéger ses récifs de coraux, la plage ne peut désormais accueillir qu’environ 2.200 visiteurs par jour et aucun bateau ne peut stationner dans la baie, depuis sa réouverture.

Nothing Hill

Notting Hill, quartier célèbre pour ses maisons très colorées et suite au film Coup de foudre à Notting Hill (avec Julia Roberts et Hugh Grant), attire de nombreux touristes et influenceurs. A tel point que le propriétaire d'une maison du quartier estime par exemple les dégâts sur la sienne à 2000£ (2200 euros environ), en raison des hauts-talons portés par des femmes se faisant photographier dans les vieux escaliers.

Tourisme à Auschwitz

Ici, ce n’est évidemment pas la beauté des lieux qui a été entachée par le tourisme de masse, mais plutôt l’esprit de commémoration censé y régner. Récemment, une journaliste britannique publiait sur Twitter un cliché où l’on pouvait voir une femme prendre la pose sur les rails de l’ancien camp de concentration et d’extermination.

«Aujourd’hui, j’ai vécu l’une des expériences les plus poignantes de ma vie. Malheureusement, tout le monde ne semble pas le vivre de façon aussi intense», témoignait ainsi la journaliste.

L’institution, qui avait déjà pointé par le passé les comportements de certains visiteurs, a dû rappeler: «Les images peuvent représenter une valeur émotionnelle et documentaire immense. Les photos nous aident à nous souvenir. Lorsqu’ils visitent le Mémorial d’Auschwitz, les visiteurs doivent garder à l’esprit qu’ils entrent dans l’ancien camp».

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