
La bonne nouvelle du jour: pour sauver les Galápagos, l'Équateur signe un accord inédit en son genre

L’Équateur vient de décrocher “le plus grand échange de dette en faveur de la protection de la nature jamais réalisé”, se réjouit El País América. En ce mois de mai 2023, le gouvernement équatorien a annoncé avoir obtenu une énorme réduction de sa dette, passant de 1,63 milliard de dollars à 656 millions de dollars. En échange, Quito promet de consacrer pas moins de 450 millions de dollars pour préserver la biodiversité des îles Galápagos sur une période de 18 ans. "Un grand succès" selon le quotidien équatorien La Hora et "un deal hors norme" selon le journal français Le Monde. Ce type d'accord existe depuis quelques décennies, mais c'est la première fois que cela concerne de telles sommes et de tels enjeux, avec des négociations particulièrement réussies.
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Une situation propice à de tels accords
A priori, il peut sembler difficile de faire en sorte que les investisseurs renoncent à leurs droits en matière de dette. Mais un premier tabou est tombé à la fin des années 1980. La crise de la dette de l'époque a amené à réfléchir à des solutions alternatives, et une possibilité s'est avérée être cette "dette nature". Près de 16 pays ont depuis pu en bénéficier, comme le Belize et les Seychelles.
Dans le cas de l'Équateur, le contexte actuel a pesé énormément dans la balance. À cause du Covid-19 et de la chute des cours pétroliers, l'État est sous assistance du FMI. Des craintes se sont ainsi faites sentir pour la stabilité politique et économique du pays. Pour autant, si la situation financière était dégradée, elle n'était pas désespérée non plus. Tout cela a amené les investisseurs à se montrer davantage disposés à négocier.
Une bouffée d'air frais pour les Galápagos
L'accord de ce mois-ci ne change pas complètement la donne pour l'Équateur. Il ne représente que 3% de sa dette extérieure totale, qui était de 48,1 milliards de dollars en février dernier. Cela représente toutefois une énorme avancée pour la préservation de la très riche biodiversité des îles Galápagos. Jusqu'ici les ressources allouées à cet effet étaient limitées et plusieurs menaces pesaient sur l'avenir de l'archipel (production de déchets, pêche industrielle, etc.). L'extension d'une réserve marine locale en septembre dernier a contribué à démontrer la volonté des autorités équatoriennes de renverser la tendance. Celle-ci couvre désormais une superficie d'environ 200.000 kilomètres carrés, soit presque sept fois la taille de la Belgique.
Pour s'assurer que l'accord sera bien respecté, les investisseurs ont émis plusieurs exigences qui s'imposent désormais à Quito. Le gouvernement équatorien ne pourra par exemple plus contrôler directement le Galapagos Life Fund, le fonds de protection de l'environnement qui sera chargé de gérer les 450 millions de dollars en question. “L’objectif est de créer un corridor de zones protégées transnationales dans un habitat d’une importance vitale pour des espèces de requins menacées", précise El País América. "Outre leur valeur intrinsèque, le capital naturel de ces deux réserves est crucial pour d’importants secteurs économiques en Équateur, tels que le tourisme et la pêche artisanale”. Parmi les espèces les plus emblématiques de l'archipel, on en trouve plusieurs menacées, comme la torture géante des Galápagos, l'iguane terreste des Galápagos, le requin-baleine et le requin-marteau.
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L'accord équatorien va maintenant pouvoir servir de modèle à d'autres pays qui se retrouveraient dans une position similaire. Si cela se concrétise ailleurs, des pays en voie de développement pourraient trouver dans ce type de montage une solution pour préserver la nature tout en finançant d'autres secteurs, comme la santé.