
La bonne nouvelle du jour : des scientifiques ont découvert des microbes capables de digérer du plastique
C’est le troisième matériau le plus fabriqué par l’homme, derrière le ciment et l’acier. Le monde produit aujourd’hui deux fois plus de déchets plastiques qu’il y a vingt ans, et ils sont en grande partie mis en décharge, incinérés ou rejetés dans l’environnement. Seuls 9 % sont recyclés, selon l’OCDE. En mer, une bouteille plastique peut mettre 450 ans à se dégrader.
Face à ce désastre écologique, la science explore des pistes de solutions. Parmi elles, mettre à contribution les très (très) petits organismes. Des chercheurs de l’Institut fédéral de recherche WSL, en Suisse, ont découvert dans les Alpes et les régions arctiques des microbes capables de décomposer les plastiques. Comme le rappelle The Guardian, des micro-organismes qui mangent du plastique, ce n’est pas nouveau.
Ce qui est beaucoup plus prometteur, c’est que les microbes étudiés par l’équipe suisse étaient capables de le faire à basse température. La digestion de plastique par des micro-organismes avait jusqu’ici été observée à des températures supérieures à 30°C.
Rédhibitoire, pour ce qui est d’une éventuelle industrialisation, en raison du coût énergétique qu’impliquerait le déploiement d’une telle filière (et donc du coût en émissions de gaz à effet de serre, qui s’avérerait au final contre-productif en termes environnementaux).
Différentes molécules de plastique digérées
L’espoir vient du fait que cette fois, les microbes et les champignons visés par l’étude ont pu dégrader du plastique dans un environnement à 15°C, et qu’ils se sont attaqués à des molécules largement utilisées dans le commerce telles que du polyester-polyuréthane biodégradable (PUR), du polybutylène adipate téréphtalate (PBAT) ou encore l’acide polylactique (PLA). 19 souches testées, soit 56% du total ont démontré la capacité de dégrader le polyuréthane (PUR) à une température de 15°C.
Pour les mélanges PBAT et PLA, 17 souches ont montré une capacité à les digérer. En revanche, aucune des souches microbiennes testées n’a été capable de digérer le polyéthylène (PE) non biodégradable.
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Celui-ci est utilisé dans de nombreux domaines et produits, notamment dans les emballages, dans l’industrie alimentaire, l’agriculture ou la construction.
822.000 tours Eiffel de plastique
Cette découverte scientifique est encourageante, alors que depuis 1950, quelque 8,3 milliards de tonnes de plastique ont été produites, soit l’équivalent du poids de 822.000 tours Eiffel ou de 80 millions de baleines. Environ 6,3 milliards de tonnes sont encore présentes dans la nature. De telles quantités titanesques polluent les écosystèmes, menacent des centaines d’espèces animales dans les océans, fragilisent les espaces naturels ; la production et l’élimination du plastique non recyclé contribuent en outre à l’émission de gaz à effet de serre.
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À ce titre, si des micro-organismes mangeurs de plastique peuvent contribuer à la défense de l’environnement, ils ne pourront, au maximum, qu’être une partie de la solution. Celle-ci résidant beaucoup plus dans la diminution de la production.
Auteur d’une étude sur des bactéries mangeuses de plastique, le chercheur Aleksej Zelezniak commentait en effet pour The National Geographic : «je fais toujours attention quand je dis que c'est une bonne nouvelle. Les gens pourraient se dire que l’on peut polluer encore plus, puisque les bactéries peuvent gérer nos déchets. C'est vraiment dangereux de dire ça, aujourd’hui tout devient viral. C’est une bonne nouvelle, mais cela reste une nouvelle liée au fait que nous polluons. C’est une réponse de la planète».