

Dans un nouveau rapport publié jeudi, Greenpeace accuse l'industrie gazière d'avoir profité de l'invasion russe en Ukraine pour "augmenter considérablement son emprise en Europe", au détriment des objectifs climatiques.
Dans ce rapport intitulé "A qui profite la guerre", l'ONG tire à boulet rouge sur l'industrie gazière qui, à ses yeux, "utilise la peur et l'incertitude" causées par la guerre en Ukraine pour prolonger notre dépendance au gaz fossile pendant des décennies. "Suite à l'arrêt des gazoducs russes, les industries gazières américaines et européennes ont réussi à présenter les importations de GNL (gaz naturel liquéfié, NDLR) comme la seule réponse possible à la crise", dénonce Mathieu Soete, expert en énergie chez Greenpeace Belgique.
"Elles ont surfé sur la peur de nos gouvernements en agitant le spectre de pénuries d'énergie, puis les ont rendus complices d'un programme invisible d'expansion, de nouvelles infrastructures et de contrats à long terme", qui dureraient de 15 à 20 ans. Pour Greenpeace, "cette stratégie a porté ses fruits, puisque le plan REPowerEU, adopté par l'UE en réponse à la crise du gaz, destine environ 10 milliards d'euros au financement d'infrastructures gazières". Parmi celles-ci, huit terminaux pour le GNL sont en construction en Europe et 38 autres ont été proposés, lit-on dans le rapport.
"S'ils sont construits, ces terminaux ajouteront 950 millions de tonnes d'équivalent CO2 par an", a calculé l'ONG. Selon elle, les contrats à long terme de fourniture de gaz américain vers l'Europe entraîneront une augmentation massive des infrastructures des deux côtés de l'Atlantique, affecteront les communautés locales et menaceront les objectifs climatiques de l'UE et des États-Unis, sans que cela soit nécessaire. "La plupart de ces projets n'aboutiront pas avant 2026. Ils ne peuvent donc pas être vus comme des solutions pour combler les déficits à court terme causés par la guerre", pointe l'ONG.
Le rapport souligne également "le rôle" du gestionnaire du réseau gazier belge Fluxys (détenu par les communes à 77,4%), qui possède trois terminaux existants et deux en projet, dont le principal point d'entrée du gaz américain en Europe, relève Greenpeace. L'ONG réclame plus de transparence sur les activités de l'industrie gazière et demande que les entreprises fossiles n'aient plus accès aux processus politiques. "Nous devons absolument nous libérer du gaz fossile d'ici à 2035 (...)", poursuit l'organisation, qui exige notamment l'arrêt de l'expansion du gaz et des politiques fortes pour réduire la demande de gaz et encourager le développement rapide des énergies renouvelables.