

Le nouveau rapport du Giec l'a confirmé cette semaine: limiter le réchauffement climatique à 1,5°C est encore possible, mais il faut réagir fort et tout de suite. Évidemment, les États ont un rôle fondamental pour agir en ce sens, mais les citoyens peuvent eux aussi prendre l'initiative à leur propre échelle. En ce sens, il existe un domaine souvent négligé: la pollution numérique. Car oui, aller sur son application préférée implique une consommation d'énergie, de données, etc. En découle une empreinte carbone non négligeable. Selon la société écologique Greenspector, rien qu'en prenant tous les utilisateurs de réseaux sociaux, soit 4,33 milliards de personnes en mai 2021, cela représente 262 millions de tonnes EqCO² (équivalent CO2) par an, soit 0,61% de l'impact EqCO² dans le monde en 2019. Plus concrètement, cela représente 56% des émissions carbone d'un pays comme la France. Pour savoir comment limiter ces retombées environnementales, Greenspector a étudié l'empreinte carbone émise par l'utilisation de tel ou tel réseau social et, plus largement, de telle ou telle application (de messagerie, de géolocalisation, de visioconférence, etc.).
Commençons donc par ces pollueurs insoupçonnés que sont les réseaux sociaux. Que ce soit en termes de consommation d'énergie ou de données échangées, celui qui s'avère le plus économique en terme environnemental, c'est Youtube. Cela donne pour ce dernier un bilan de 0,46 gEqCO² (gramme équivalent CO2) à la minute. Sur le reste du podium, on trouve Twitch (0,55 gEqCO²) et Twitter (0,60 gEqCO²).
Le résultat de Youtube est bien plus faible que celui de Tiktok, dernier du classement avec 2,63 gEqCO2/min, de Reddit (2,48) ou Pinterest (1,30). Facebook et Instagram se situent plus ou moins dans la moyenne.
Passons ensuite par un type plus spécifique de réseau social: la messagerie instantanée. Greenspector a pris en compte 10 applications de ce genre. Ici, l'impact environnemental n'est pas calculé en termes d'empreinte carbone mais seulement sur base de la quantité de données échangées, de la consommation de la batterie. Dans tous les cas, la pire messagerie, c'est celle de Snapchat, qui surpasse de très loin toutes les autres.
À l'inverse, deux applications rivalisent pour s'accaparer la première place: l'Américain WhatsApp (qui a une moins grosse consommation d'énergie) et Wechat (qui consomme moins de données, WhatsApp n'arrivant qu'en deuxième position dans cette catégorie-là). Greenspector note toutefois que Wechat est aussi l'application la plus gourmande de toute l'étude en termes d'espace de stockage sur le smartphone, contrairement à WhatsApp. C'est donc ce dernier qui remporterait la course.
Du côté des applications de géolocalisation, Greenspector a établi un Écoscore qui reflète leur consommation en ressources: mémoire, data, CPU, etc. Celle qui obtient la note la plus élevée est Google Maps, qui tire ainsi son épingle du jeu avec son 82/100.
À l'inverse, parmi les applications les lourdes en termes de consommation de ressources et d'énergie, le grand perdant est la méconnue application de navigation Navmii. Suivent ensuite Waze et TomTom GPS dans le flop de ce classement.
Arrive ensuite un chapitre qui a pris une grande importance depuis la crise sanitaire: celui concernant la visioconférence. Ici, Greenspector a établi de manière plus traditionnelle quelle était l'empreinte carbone d'une petite vingtaine d'applications. Dans le top 3, on retrouve en pôle position Google Meet (0,164 gEqCO² pour une minute en visioconférence). Le podium est ensuite constitué de Tixeo (0,166) et de Microsoft Teams (0,167).
Avec sa bonne performance, Google Meet produit une empreinte carbone 2,5 fois moindre que celle de Discord, dernier du classement (suivi côté flop par Whereby et StarLeaf). Parmi les autres applications, Zoom se situe exactement dans la moyenne, tandis que Skype arrive à se placer plutôt du côté des bons élèves.
Enfin, il y a les navigateurs web utilisés sur Android. Ici, Greenspector a étudié pas moins de 16 applications. Celle la plus louable, c'est une version modifiée de Firefox, dénommée Fixefox Focus. Elle peut se prévaloir d'avoir la plus faible empreinte environnementale, devant Vivaldi et DuckDuckGo.
À l'autre bout du classement, le bonnet d'âne revient à Mint. En deuxième place des navigateurs les plus énergivores, on trouve ensuite Opera Mini. Quant à la version normale de Firefox, très utilisée à travers le monde, elle se situe dans la moyenne, tout comme Chrome qui produit toutefois un peu plus de pollution numérique.
Notons pour conclure qu'en plus de choisir telle ou telle application, les utilisateurs peuvent limiter leur empreinte carbone en adaptant leurs habitudes en ligne. Greenspector note par exemple que le mode nuit permet de consommer moins d'énergie et d'épargner sa batterie, grâce à un écran plus sombre et donc plus économe. En prenant l'exemple du mode nuit de Twitter, la société a pu calculer que cela permettait de consommer 23% d'énergie.
Autre exemple: sur les réseaux sociaux, publier quelque chose n'a pas le même impact que de regarder des vidéos en série. Greenspector prend l'exemple d'Instagram, où publier une photo produit une empreinte carbone de 0,154 gEqCO². C'est dix fois moins que l'activité la plus énergivore, à savoir le défilement (ou scroll) du fil d'actualité, qui produit 1,549 0,154 gEqCO². Entre les deux, on retrouve du moins impactant au plus impactant la publication d'une photo en story, le visionnage d'un direct et l'hébergement d'un direct.
Pour ce qui est de la vidéoconférence, il est bon de savoir qu'une minute de visioconférence en audio a une empreinte carbone 61% moindre qu'avec les caméras activées. Il est à ce propos intéressant de remarquer qu'en se limitant à l'audio, l'application la plus intéressante pour faire une visioconférence tout en respectant l'environnement n'est plus Google Meet mais Microsoft Teams.