
Pourquoi les femmes émettent en moyenne moins de gaz à effet de serre que les hommes
Pas de parité dans les émissions de gaz à effet de serre. En plus des déterminants sociaux, économiques et géographiques, «des études mettent en évidence des disparités de genre dans les comportements à l’origine d’émissions de gaz à effet de serre et dans les conséquences du dérèglement climatique», selon Oriane Wegner, citée par Libération.
Le quotidien français a pris connaissance en primeur d’une note de cette économiste spécialiste du climat, à paraître sur le site de la Banque de France. Oriane Wegner s’appuie notamment sur une étude suédoise publiée en 2021, selon laquelle les hommes auraient des dépenses seulement 2% plus élevées que les femmes, mais émettraient 16% de plus de gaz à effet de serre. Comment l’expliquer ?
À dépenses égales, les célibataires masculins utiliseraient davantage leur argent pour l’achat de carburants pour les voitures ou les vacances, tandis que les femmes célibataires auraient une empreinte environnementale plus faible et consacreraient plutôt leur argent aux soins de santé, l’ameublement ou encore aux vêtements.
«Les habitudes de consommation sont très stéréotypées, attestait dans The Guardian Annika Carlsson Kanyama, principale auteure de l'étude. Les femmes achètent davantage de produits de décoration, de vêtements et de services de santé, tandis que les hommes dépensent plus en essence, mangent plus de viande, et consomment plus d'alcool et de tabac».
Les hommes, ces viandards
Des régimes alimentaires différenciés en fonction des genres seraient ainsi notamment en cause. Une alimentation moins carnée implique en effet une moins grande quantité d’émissions. En France, pour une étude datant de 2018, 4% des femmes déclaraient en effet ne pas consommer de produits d'origine animale, contre 2% des hommes.
Une étude de l’Anses confirmait que les hommes mangeaient plus de viande rouge que les femmes. Chez nos voisins, les femmes seraient ainsi surreprésentées parmi les végétariens, ainsi que dans les rangs des flexitariens auto-déclarés. En 2021, des chercheurs britanniques avaient étudié le régime alimentaire de 212 personnes, concluant qu’en raison de leur plus grande consommation de viande, l’alimentation des hommes émettait 41% de plus de gaz à effet de serre que celui des femmes.
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Auprès de Libération, Oriane Wegner insistait toutefois : si le genre est un critère «pertinent» pour expliquer les disparités en termes d'émissions, «le niveau de revenus joue un rôle souvent plus important», de même que le lieu de résidence urbain ou rural.
Les hommes polluent, les femmes trinquent
Face aux conséquences du réchauffement climatique, hommes et femmes ne sont pas non plus égaux. Ces dernières sont en effet plus exposées, «en grande partie parce qu'elles représentent la majorité des pauvres dans le monde et dépendent davantage des ressources naturelles menacées», selon l’ONU.
«Lors du tsunami dans l’océan Indien en 2004, 70 % des victimes étaient des femmes pour plusieurs raisons, dont le fait qu’elles étaient plus nombreuses à être à la maison, avec leurs enfants, au moment de la catastrophe, détaillait Oriane Wegner dans Libération. Quant aux déplacés climatiques, environ 80 % sont des femmes. On l’observe en Asie du Sud, notamment au Pakistan et au Bangladesh, où les femmes sont plus nombreuses à habiter dans des zones agricoles pour travailler la terre. Or, les inondations à répétition ces dernières années ont rendu inhabitables les zones rurales».
En Afrique subsaharienne, le fossé des inégalités se creuse aussi au niveau climatique, puisqu’les femmes y sont davantage dépendantes des ressources naturelles que les hommes en raison des rôles sociaux de genre. Comme les denrées nécessaires au bon fonctionnement du foyer (l’eau, le bois de chauffe, etc.) sont de plus en plus difficiles d’accès en raison du dérèglement climatique, les jeunes filles auront tendance à être déscolarisées plus tôt que les garçons pour aider leur mère.