
Réforme des rythmes scolaires : la Flandre va-t-elle s’aligner sur les francophones ?

Entre six et huit semaines de cours, suivies de deux semaines de vacances : voilà désormais le modèle type pour une année scolaire en Fédération Wallonie-Bruxelles. En conséquence, depuis l’entrée en vigueur du nouveau système à la rentrée 2022, les anciens congés de Toussaint et de Carnaval sont passés d’une à deux semaines.
La lecture de votre article continue ci-dessous
Avec cette réforme, les congés des élèves du primaire et du secondaire ne «tombent » plus forcément en même temps en Flandre (et en Communauté germanophone) qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles. Les Néerlandophones sont en effet actuellement en pleines vacances de printemps (3 avril-16 avril), tandis que les Francophones devront encore attendre presque un mois (1er-12 mai).
Cette désynchronisation peut s’avérer casse-tête au niveau organisationnel, notamment pour les parents d’enfants scolarisés dans les deux régimes linguistiques. Certaines familles se retrouvent désormais avec des enfants qui n’ont pas congé au même moment ; l’un allant dans une école de la FWB, l’autre dans une école flamande. C’est particulièrement le cas pour les familles de la périphérie bruxelloise.
90.000 enfants concernés par la désynchronisation?
Difficultés pour organiser les gardes d’enfants pendant les différents congés, stages parascolaires et/ou échanges linguistiques qui ne sont plus alignés en fonction des vacances… les problèmes soulevés sont multiples. «Mon aîné est en 6e primaire dans une école flamande : il sera en vacances dans quelques jours, témoignait sur les réseaux sociaux une maman (propos relayés par La Libre). Son petit frère est en 4e primaire dans une école francophone. Ce sera son tour début mai. Nous devons donc nous organiser pour quatre semaines et nous n’avons pas un nombre illimité de congés».
La désynchronisation des périodes de congés pourrait affecter quelque 90.000 enfants, selon la députée (Les Engagés) Mathilde Vandorpe, qui défendait en mars devant le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, une série d’amendements au décret modifiant les rythmes scolaires.
🡢 À lire aussi : Congés d’automne rallongés : les stages se sont adaptés
Les centristes suggéraient de réaménager de manière transitoire le calendrier des congés, afin que les jeunes Francophones disposent d'au moins une semaine de repos en commun avec la Flandre et la communauté germanophone à chaque période de vacances. Et ce, pendant quatre ans, afin de laisser le temps à la Flandre et à la communauté germanophone de se décider à potentiellement appliquer le même calendrier scolaire qu’en FWB. La proposition a été rejetée par la majorité PS/Ecolo/MR.
La Flandre ne ferme pas complètement la porte
Mais justement, la Flandre serait-elle prête à effectuer le grand saut ? En 2022, le ministre régional de l’Enseignement Ben Weyts (N-VA) avait entrouvert la porte à une réforme comparable, demandant l’avis des acteurs de terrain. Qui s’est avéré mitigé : si les réseaux scolaires flamands se sont montrés plutôt favorables à une réforme, ce n’était pas le cas notamment des élèves, qui dans un sondage auprès de 3.500 jeunes, étaient près de 80% à s’y opposer.
Les enseignants affiliés au COC, principal syndicat du nord du pays, (le pendant néerlandophone de la CSC) rejetaient aussi l’idée, dans les mêmes proportions. Quant au Conseil économique et social de Flandre (SERV) réunissant patronat et syndicats flamands, il estimait, sans être contre une réforme, que ce n’était pas encore le moment de franchir le pas.
🡢 À lire aussi : Quel impact du nouveau calendrier scolaire sur le tourisme côtier?
Toutefois, à l'approche du scrutin régional de 2024, plusieurs partis politiques flamands ont marqué leur intérêt pour une réforme. Groen et l’Open Vld seraient pour, tout comme les socialistes flamands. «Pour nous, c'est certainement une option de revoir la répartition des vacances scolaires pour les écoles néerlandophones, confiait à l’Avenir Hannelore Goeman, députée Vooruit et membre de la commission Éducation du Parlement flamand.
Des périodes de repos plus longues pendant l'année et des vacances d'été plus courtes peuvent certainement améliorer les possibilités d'apprentissage des élèves. De plus, ce serait aussi une solution à la situation impossible que rencontrent de nombreux parents et familles bruxelloises et de la périphérie flamande ayant des enfants à la fois dans une école francophone et dans une école néerlandophone». Mais cet éventuel changement côté flamand n’interviendra pas avant les élections de l’année prochaine.