Nos élèves de moins en moins bons en orthographe : quelles conséquences pour notre société ?

Sur les bancs des cours de français, les dictées sont de plus en plus badigeonnées de rouge. Le niveau descend, mais qu'est-ce que cela signifie ?

Education positive: que faut-il en penser?
@Belgaimage

C'est une constante ces dernières années, le niveau moyen en orthographe baisse. Cela se remarque en Belgique, mais également en France où une récente étude relève que les enfants de 10 ans feraient 87,3 % de fautes en plus par rapport à ceux de 1987. Ce n'est plus un fossé, mais un gouffre qui se creuse. Alors qu'est-ce que cela dit de nos sociétés ? Et faut-il s'en inquiéter ? D'après une recherche réalisée en France, ces résultats, aussi mauvais soient-ils, sont à regarder avec un peu de hauteur. En se basant sur l'exemple français, The Conversation rapporte par exemple que si 25 % des élèves ne commettaient qu'une ou zéro faute en 1920 - la proportion a chuté à 1,9 % en 2021 -, il y avait à l'époque une quantité de matière bien moins importante à intégrer. "En d’autres termes, l’étendue des connaissances transmises en français, mais aussi en mathématiques par exemple, nous invite à ne pas déconsidérer les compétences de la nouvelle génération, bien au contraire. Dès lors, il n’est sans doute pas déraisonnable de se demander si les formats actuels d’évaluation, en orthographe notamment, sont propres à les mesurer efficacement", relèvent les chercheurs.

Nos dernières vidéos
La lecture de votre article continue ci-dessous

Ils précisent par exemple l'ambition majeure de l'enquête PISA : "Son objectif est d’estimer la capacité des élèves à analyser un texte et à produire des inférences (c’est-à-dire à combiner des informations pour comprendre ce qui n’est pas dit explicitement dans le texte), et non de juger s’ils maîtrisent les règles d’orthographe ou de grammaire."

Donc des enfants moins bons, mais des grilles d'analyse moins précises aussi. Il permet néanmoins de comparer à un instant T l'efficacité de l'enseignement entre les différents pays de l'OCDE.

Signaux d'alerte

Mais l'orthographe n'est pas tout. Les erreurs de grammaire sont elles aussi de plus en plus prégnantes. Elles posent davantage de problèmes encore selon l'étude menée : "En effet, ces erreurs laissent supposer un manque de rigueur, un défaut de logique et donc un moindre niveau de compétence en lecture et en mathématiques. La baisse observée en orthographe peut ainsi suggérer une baisse plus généralisée des compétences en primaire et dans le secondaire."

Toutes ces considérations tirant le constat ne répondent pas encore à la véritable question : quelles sont les conséquences sur la société d'une régression de l'orthographe ? La conclusion des chercheurs suffit à prendre la pleine compréhension de la nécessité pour une société de pouvoir compter sur de futurs adultes lettrés : "Ces résultats s’apparentent à des signaux d’alerte sur l’état de la transmission des connaissances, à l’heure où tous les pays tentent de renforcer les savoirs et savoir-faire de leur population, décisifs pour leur avenir économique." Plus tôt, en 2007, Danièle Manesse et Danièle Cogis dans leur ouvrage "Orthographe : à qui la faute ?" remarquaient que l'orthographe était "le" préalable de la réussite des élèves.

La Fédération Wallonie-Bruxelles l'a bien compris. Son avenir passera par la bonne formation de ses élèves. Elle se démène à coup de réformes, plus infructueuses les unes que les autres jusqu'ici, pour tenter de ramener un niveau satisfaisant de connaissance et de rigueur dans la boîte noire de ses enfants. Il ne reste que les résultats qui, eux, se font attendre.

Débat
Sur le même sujet
Plus d'actualité