Est-il vraiment possible de cacher ses recherches internet à Google?

Des logiciels promettent de masquer le contenu des requêtes effectuées en ligne. Une technique semble tenir la route, mais l'UCLouvain se montre moins convaincue.

Recherche Google
Un homme faisant une recherche sur Google, à Gand en 2020 ©BelgaImage

C'est un fait: Google sait tout de nous. Nous osons même poser à son moteur de recherche les questions les plus intimes qui soient. De quoi poser question, suite aux multiples polémiques sur les manquements des GAFA et des réseaux sociaux quant à la protection de la vie privée. Une préoccupation à laquelle prétendent répondre les "obfuscators", ou logiciels obscurcisseurs. Ces derniers promettent de cacher les requêtes soumises sur internet, ce qui règlerait le problème. Pour savoir si cette méthode fonctionne, des chercheurs de l'UCLouvain et de l’Imperial College of London ont mené une étude sur le sujet, publiée récemment dans la revue IEEE Xplore. Le résultat est somme toute assez décevant.

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Un beau projet sur le papier

Dans un communiqué de presse, un des auteurs, Julien Hendrickx, professeur en ingénierie mathématique à l’Ecole Polytechnique de l’UCLouvain, explique la technique que ces logiciels utilisent pour parvenir à leurs objectifs. "Le principe de ces programmes est de noyer votre requête sous un tas d’autres requêtes en pensant que le moteur de recherche ne pourra pas distinguer ce qui provient de vous et ce qui provient de ce logiciel. Cela offrirait une certaine protection", dit-il.

Pour que cela marche, il faut toutefois remplir quelques conditions supplémentaires. L'UCLouvain en cite trois: l'indistinguabilité (la vraie requête doit être impossible à identifier), la couverture (le sujet de la recherche devrait être difficile à identifier) et l'imprécision (la recherche doit rester difficile à identifier même si le domaine général est connu).

Des failles dans la pratique

C'est là que le bât blesse. Prenons l'exemple d'une recherche sur des vacances en Méditerranée. Si vous la faîtes en français, vous pourriez être facilement démasqué puisque certains programmes ne génèrent que des requêtes en anglais. À moins d'utiliser la langue de Shakespeare, le besoin d'indistinguabilité ne peut donc pas être assuré.

De plus, l'étude remarque que dans les faits, il est très difficile, voire impossible, que les obscurisseurs réussissent véritablement le tour de passe-passe qu'ils prétendent faire. "On a pu démontrer de façon mathématique qu’il était impossible d’atteindre simultanément les différents objectifs. On ne peut pas à la fois cacher le domaine général des recherches et des recherches précises. On pourrait éventuellement atteindre un des objectifs, mais pas les deux complètement et simultanément", constate Julien Hendrickx. Autrement dit, Google pourrait quand même deviner que vous vous intéressez à des vacances en Méditerranée, voire que vous recherchez un hôtel précis.

Pour les chercheurs, les obfuscators pourraient ainsi donner à leurs utilisateurs un aux sentiment de sécurité. "Ils en appellent à une évaluation approfondie des propriétés des obscurcisseurs de requêtes et le développement de logiciels fondés sur des principes transparents", conclut le communiqué de presse.

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