Les Belges mangent beaucoup trop de sucre, malgré ses dangers : pourquoi il est si difficile d'y résister

Les Belges en sont les plus grands consommateurs d’Europe. Il est pourtant à l’origine de nombreux problèmes de santé. Même si on en a conscience, il est difficile d’y résister.

Un adulte ne devrait pas consommer plus de 50 g de sucres ajoutés par jour. Le Belge en consomme 132 g. © Adobe Stock

48,3 kg par an. Le Belge moyen avale beaucoup trop de sucre. Plus que n’importe lequel de nos voisins européens. Seuls les Polonais (45,7 kg) et les Maltais (43,8 kg) affichent des résultats presque aussi mauvais que les nôtres. Ces chiffres de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui publie une carte continentale comparative, peuvent être considérés comme “optimistes”. Selon la Ligue Cardiologique Belge, notamment, notre consommation serait plutôt de 75 kg. Quoi qu’il en soit, c’est beaucoup trop. Au début du 20e siècle, le Belge moyen n’en avalait que 8 kg.

Il ne faut pas diaboliser le sucre. Dans un récent dossier, Test-Achats, à l’origine d’un outil pour "désucrer" ses journées, insistait sur le fait qu’il représentait une source d’énergie importante pour le bon fonctionnement de l’organisme et du cerveau. Dr Lucia Capone, médecin nutritionniste, confirme: “Le corps humain requiert des glucides, des sucres au pluriel. Mais ces derniers peuvent prendre plusieurs formes: lactose, fructose, saccharose… Nous avons en fait besoin de sucres complexes présents dans les légumes, les fruits ou le poisson. Pas de sucres raffinés…” Or, les excès se trouveraient justement du côté de ces derniers. Le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) préconise de ne pas dépasser 10 % de l’apport énergétique total sous forme de sucres, hors fruits. Concrètement, pour un adulte aux besoins moyens de 2.000 kcal par jour, cela correspond à maximum 50 g de sucres ajoutés. À titre de comparaison, un morceau de sucre standard contient 6 g de sucre, une canette de 33 cl d’Orangina en contient 33 g, une tablette Nestlé dessert Noir de 205 g en contient 94 g.

Les maux liés à la consommation de sucre sont multiples. D’abord, il nourrit les bactéries buccales et accroît le risque de caries. Ensuite, il a un caractère irritant pour l’estomac et augmente les risques de gastrite, d’épuisement pancréatique, de diabète. Sans oublier, évidemment, les risques de surpoids et d’obésité, ou encore de maladies cardiovasculaires. Face à ces dangers, les alertes ne sont pas nouvelles. Alors pourquoi les Belges peinent-ils à réduire leur consommation? Le Dr. Capone évoque plusieurs raisons. Premièrement, les sucres “cachés” dans les produits industriels. On les consomme sans s’en rendre compte, y compris dans des produits salés comme le ketchup ou les vinaigrettes. Même des produits “light”, prévient la Ligue Cardiologique Belge, sont parfois enrichis en sucre. Deuxièmement, dit la médecin, la substance a un côté addictif. Plus on en avale, plus notre organisme et notre cerveau en réclament. Troisièmement, dans notre société, les consommateurs cherchent à se faire “plaisir”. Les produits sucrés représentent alors une récompense, dont l’envie est boostée par la publicité. Le Dr. Capone conclut: “Si on considère uniquement l’aspect santé, il ne faut jamais céder aux sucreries. Si on le fait exceptionnellement, ce n’est cependant pas dramatique, à condition que votre hygiène de vie globale soit bonne.

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Les nouveaux régimes

Certains régimes trendy proposent de supprimer totalement les sucres de notre alimentation. C’est le cas, par exemple, du régime sans FODMAP. On vous épargne la signification détaillée des lettres, mais on retrouve les glucides FODMAP dans un tas d’ingrédients allant de l’ail au lait en passant par les pommes. Autre exemple: la diète cétogène très faible en glucides. Ces régimes peuvent parfois être nécessaires face à certains troubles alimentaires dont le syndrome de l’intestin irritable ou le diabète, sous conseil d’un médecin. Ils peuvent aussi être utiles pour détecter une allergie ou une intolérance. Il ne sert toutefois à rien de les pratiquer sans raison ni accompagnement médical ou au moins d’un nutritionniste.

Les faux sucres

Plusieurs aliments peuvent remplacer le sucre blanc raffiné pour préparer des pâtisseries et autres sucreries. Une alternative réside dans les produits non raffinés tels que le sucre de fleur de coco ou de canne pur et non raffiné. Le sirop d’agave, le miel ou encore la stevia représentent d’autres options. Attention, cependant. La stevia, comme l’ensemble des édulcorants, augmente le risque d’insulinorésistance et impacte le microbiote. De récentes études pointent en outre le fait que les édulcorants augmenteraient le risque de certains cancers et de maladies cardiovasculaires. Sans oublier qu’ils entretiendraient la sensation de faim… À consommer avec modération, donc.

Prix caramélisés

Le cours du sucre blanc n’a pas été aussi élevé depuis une décennie. Début avril, la tonne s’échangeait contre 630 dollars. Pour cause, outre l’inflation, le fait que l’Inde et le Brésil, les deux plus grands exportateurs au monde, connaissent des productions réduites. Cela s’explique par des précipitations plus abondantes que d’habitude qui affectent la récolte de canne à sucre, utilisée pour les trois quarts de la production mondiale. En Thaïlande et en Chine aussi, la production annuelle laisse à désirer. Des choix politiques accroissent encore la hausse des prix à cause, notamment, de l’usage de la canne à sucre comme biocarburant en Inde et au Brésil. Par conséquent en un an, le prix du sucre dans nos supermarchés a augmenté de 17 %.

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