"Ces choses ne devraient pas exister": un éboueur d'usine à viandes explique son métier dans une vidéo

Dans une vidéo choquante postée par l'association, un ouvrier chargé du ramassage de carcasses d'animaux explique son métier.

élevage industriel
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Un jour, peut-être verra-t-on la façon dont on traite les animaux pour ce que c'est: de la torture. Peut-être verra-t-on aussi que le travail fait dans les abattoirs et fermes d'élevage intensif n'est pas très humain. Dans une vidéo, l'association L214 laisser parler "Jérôme" (prénom d'emprunt), un ouvrier chargé du ramassage des cadavres d’animaux de boucherie. Comprendre, ceux qui n'ont pas survécu avant d'être abattu. Ce qu'on appelle l'équarrissage.

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"En tournée d’équarrissage, c’est un peu comme une tournée de livraison. Sauf que là, on récupère les poubelles des élevages, dit-il. La grande majorité, ce sont des élevages intensifs. Pour faire ce métier, la principale “qualité”, à mon avis, est de ne pas être sensible à l’odeur, et même, de ne pas être sensible tout court (...) Parce qu’on voit des choses qui ne devraient pas exister".

"Déchets maternité"

"L’une des premières choses qui m’a vraiment interpellé dans ce métier, c’est quand on doit aller récupérer des bacs qui s’appellent “déchets maternité”. C’est parfois plusieurs mètres cubes de porcelets entassés qu’on doit récupérer. Ça, c’est vraiment perturbant parce que c’est des tout-petits. On voit dans les volumes qu’en fait il y a vraiment énormément d’animaux qui meurent dans ces élevages intensifs. C’est vraiment choquant".

"Il peut y avoir des cas où on se retrouve dans des situations très dangereuses et sales. Quand les truies ou les vaches sont mortes depuis un moment, les gaz dedans font un “effet montgolfière”. Elles sont toutes gonflées. Donc, il faut faire particulièrement attention quand on vient les serrer avec la pince pour les charger. J’ai déjà eu des collègues qui se sont retrouvés entièrement couverts de merde parce qu’ils n’ont pas fait attention. Il peut arriver aussi que les truies expulsent leurs bébés, quand on serre avec la pince. On m’a déjà raconté qu’il avait même des veaux à moitié sortis de leur mère. Que, du coup, on récupérait tout en une seule fois".

"Huit tonnes de cadavres"

"Le pire qu’il me soit arrivé, c’est un accident dans un élevage de volailles. Je devais récupérer ce qu’on appelle “viscères et plumes”. C’est vraiment ce qu’on imagine : une poubelle remplie de tripes… Une fois, tout s’est renversé par terre. J’ai passé une heure à tout ramasser avec les gants. C’était vraiment horrible. Il m’est arrivé aussi de trouver des animaux vivants dans les bennes. Ça ne devrait pas arriver. Il m’est arrivé de trouver un porcelet encore vivant au milieu de ses congénères, les yeux fermés, qui bougeait les pattes comme pour chercher où il était. Il m’est aussi arrivé de trouver plusieurs oisillons encore vivants, en train de piailler dans la benne d’équarrissage".

"En fait le pire, c’est vraiment le volume des animaux qu’on récupère. Dans les camions, on récupère en moyenne 8 tonnes de cadavres. On s’habitue et ça ne devient plus des animaux, ça devient simplement les poubelles qu’on vide. Je pense que le public n’a pas conscience qu’il y a autant de cadavres produits par ces élevages intensifs. J’ai signé pour vider les poubelles des élevages mais avant de commencer ce métier, je ne me doutais pas du tout du nombre d’animaux qui mourraient dans cette industrie".

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