Inflation: les vols de nourriture dans les supermarchés augmentent partout en Europe

C'est un signe que les temps sont durs. On observe une augmentation des vols de nourriture dans les magasins. Une enquête du Monde indique que la phénomène est européen, de la France à la Grèce en passant par l'Allemagne et la Grande-Bretagne. La Belgique n'est pas en reste.

Ainsi, à Athènes, une dame de 70 ans en grande difficulté financière s'est faite interpellée parce qu'elle avait volé pour quarante euros de nourriture. Malaise. L’arrestation a provoqué un tel mouvement de solidarité que cela a failli se transformer en émeutes. Plusieurs magasins de l’enseigne Lidl ont été vandalisés. Si bien que l’entreprise a fini par retirer sa plainte.

En Espagne, alors que la chaîne de télévision basque ETB consacrait un direct à l’envolée des prix de l’alimentaire dans les magasins, à l’arrière-plan, un jeune homme en jogging, les poches rebondies, fait sonner les portiques de sécurité avant d’être poursuivi par une caissière et un vigile. Réaction sur les réseaux : « Est-ce c'est le jeune qui volait ou le supermarché avec ses prix ? ».

19,4% d'inflation alimentaire en février

« Il y a du vol. Beaucoup de vols. De plus en plus. La vie est tellement chère », explique une caissière d’un supermarché de l’ouest de la France interrogée par Le Monde. Elle constate de plus en plus des achats qui restent au fond du sac lorsque les clients posent leurs courses sur le tapis roulant des caisses traditionnelles. Selon elle, plus que des cas de misère sociale, il s’agit de gens qui tentent de conserver leurs habitudes, en essayant de dérober quelques produits un peu chers.

En ce début d'année, l'inflation a diminué. En Belgique, elle est passée de 10,2% en décembre à 5,4% en février. Mais cette baisse est surtout due au prix de l'énergie. Les prix des produits alimentaires ont eux continué d'augmenter en février à... 19,4%. C'est plus qu'en zone euro, où l’inflation alimentaire atteignait 15 % sur un an en février. Les produits laitiers, huiles, graisses, pain et céréales, particulièrement, sont a un prix très élevé.

Sécuritaire

Il y a autre chose qui joue sur la psychologie du consommateur en difficulté financière : de plus en plus de caisses n'ont plus de caissier. Il faut scanners soi-même ses produits, au risque de se faire prendre, mais on peut faire croire à un oubli. Ainsi, en Allemagne, une « fraude au chou » a été observée : mettre des étiquettes de prix de choux sur des ingrédients beaucoup plus coûteux comme des steaks ou de l'huile d'olive.

Pour autant, on ne connaît pas les chiffres exacts des vols en magasins, ceux-ci sont bien gardés par les supermarchés. Le sujet est sensible et les petits larcins ne sont en général pas poursuivis. Du côté des enseignes, on préfère mettre tout cela sous le tapis... Et s'équiper pour éviter la redite. Ainsi, il n'est plus rare de voir des steaks ou du saumon sous vide avec un anti-vol dont les ventes explosent... Il y a aussi les étiquettes avec une alarme discrète. Et, surtout, des caméras de surveillance bien visibles, un peu partout dans le magasin, certaines équipées de reconnaissance faciale.

Pour Emmeline Taylor, criminologiste de l’université City, à Londres, estime dans  Le  Monde  que le phénomène est bien plus profond et que la hausse des prix renforce une tendance déjà à l’œuvre. « L’inflation pousse les gens à acheter un peu plus facilement des produits dans la rue, sans trop se poser de questions sur leur provenance, par exemple. Mais l’essentiel est ailleurs. On est dans une société où les troubles psychologiques sont très développés, où les inégalités sont criantes, où le sens de la communauté est faible, avec énormément de stress ». En somme, une crise du lien social. Et l'inflation ne risque pas de résoudre le problème.