Inflation : à quand une baisse des prix de l’alimentation ?

Alors que les prix de l’énergie continuent leur décrue, ceux des produits alimentaires poursuivent leur ascension. Qui pourrait bien se prolonger au moins jusqu’à l’été.

Inflation : à quand une baisse des prix de l’alimentation ?
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Les prix à la consommation ont augmenté de 6,62% en moyenne ce mois-ci, par rapport à février 2022. Si elle reste soutenue, l’inflation poursuivit sa décrue, puisqu’elle se situait à 8,05% en janvier. Petit à petit, on s’éloigne donc des hauteurs atteintes en 2022 (10,3% sur l’ensemble de l’année précédente, un record depuis 1996 et le début des mesures harmonisées eu Europe). La raison de cette décélération bienvenue est l’accalmie observée sur les marchés énergétiques.

Si l’inflation générale tend à diminuer, certains produits ou gammes de produits enregistrent encore des hausses de prix. C’est avant tout le cas dans l’alimentation. Outre les loyers et les véhicules, les principales hausses de prix en février concernaient les boissons alcoolisées, les légumes, la viande, le poisson, les produits laitiers et les fruits.

En janvier, l’inflation des produits alimentaires s’établissait à 15,59%. En février, elle est en progression, à 16,12%. C’est tout simple : sur les douze derniers mois, la hausse des prix de l’alimentation équivaut à celle «normalement» observée en… 8 ans.

 

Effet retard

Comment expliquer ce décalage entre la tendance générale à une baisse de l’inflation, et au contraire l’augmentation de cette dernière pour les produits alimentaires ? «C’est un effet indirect et retard de l’augmentation des prix de l’énergie et des matières premières que nous avons connue par le passé», répondait dans Le Soir Philippe Ledent, économiste chez ING. «Ces hausses de coûts, les transformateurs alimentaires, tels que les producteurs de frites surgelées ou les boulangers, les répercutent par vagues sur leurs prix de vente».

Au-delà de cette répercussion à retardement de la hausse des prix des matières premières, l’économiste Xavier Gellynck (UGent) pointait dans HLN.be une autre raison à l’inflation alimentaire. «L’offre d’un certain nombre de produits a été réduite. Pensez par exemple à la production de légumes et de poulets, qui, dans certains cas, n’a tout simplement pas été lancée en raison du coût élevé de l’énergie».

Or, la nourriture, est un poste de dépense qui ne peut être que jusqu’à un certain point raboté dans le budget des ménages. Quand l’offre baisse, il n’y a donc pas un très gros ajustement de la demande… et les prix augmentent en conséquence.

 

Le consommateur au bout de la chaîne

En France, on redoute un «mars rouge» dans les rayons des supermarchés, alors que se terminent les négociations annuelles entre la grande distribution (Carrefour, Intermarché, etc.) et les industriels (Danone, Mondelez…) de l’agroalimentaire. La Fédération du commerce et de la distribution française a déjà indiqué que la hausse des prix devrait atteindre «10%» chez nos voisins, et s’étaler «jusqu’à l’été, au fur et à mesure du renouvellement des stocks».

En Belgique, les prix négociés par les producteurs dans les nouveaux contrats se répercutent déjà dans les rayons des supermarchés. Florilège : +39% pour les oeufs par rapport à février 2022, +33% pour le lait et +27% pour le sucre. La margarine, les huiles et les graisses (+26%) ainsi que les pommes de terre (+25 %) sont aussi nettement plus chers qu’il y a un an.

 

Récemment, le groupe Nestlé annonçait qu’il serait dans l’obligation d’appliquer de nouvelles hausses de prix dans les supermarchés. Selon Sudinfo, celles-ci devraient également concerner des marques propres des supermarchés. «Jusqu’à présent, les distributeurs ont réduit les marges sur ces produits, laissant les prix artificiellement bas pour continuer à attirer des clients», expliquait à Sudinfo un observateur du secteur. «Mais il est évident que les prix vont augmenter avec l’effet retard de l’inflation, qui n’a pas encore été totalement appliquée sur les prix en rayons».

Dans HLN, Xavier Gellynck s’attendait à ce que la poussée inflationniste se prolonge pendant plusieurs mois encore, et ne prévoyait pas de normalisation avant le second semestre, passé l’été. Dans Le Soir, Philippe Ledent n’excluait pas non plus la poursuite de ces hausses de prix durant deux à trois mois, «d’autant plus que les salaires ont été indexés en janvier», notait-il.

 

 

 

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